Conakry, Cour d’Appel – Ce mercredi matin, la salle d’audience est pleine à craquer. Avocats, journalistes, militants et curieux sont venus assister à un procès qui résonne bien au-delà des murs de la Cour d’Appel de Conakry. Aliou Bah, leader du parti ModeL, comparaît en appel après avoir été condamné pour « offense et diffamation contre le chef de l’État ». Un dossier qui ravive les tensions entre justice et liberté d’expression en Guinée.
Une audience sous haute tension
Derrière son pupitre, la présidente de la Cour, Hadja Fatou Bangoura, ouvre les débats. Son ton est solennel :
« Monsieur Bah, vous êtes ici poursuivi pour offense et diffamation contre le chef de l’État. Reconnaissez-vous les faits ? »
D’une voix assurée, l’opposant politique rejette les accusations et dénonce un procès politique. « Ces charges sont infondées. Mon combat a toujours été celui des idées, dans le cadre légal. »
Une arrestation controversée
L’affaire prend racine quelques mois plus tôt, à la frontière de Pamelap. Ce jour-là, Aliou Bah est interpellé alors qu’il s’apprêtait à quitter le pays pour Freetown. Selon lui, aucune notification ne lui est présentée. Escorté à Conakry, il passe plusieurs nuits en cellule dans des conditions qu’il décrit comme « indignes », avant d’être placé sous mandat de dépôt à la maison centrale.
« Je savais que cela pouvait arriver. L’histoire de la Guinée regorge d’exemples similaires. Mais mon engagement est inébranlable : je suis en politique pour contribuer à changer cette réalité. »
Un combat pour la démocratie
Dans la salle, ses partisans observent, silencieux mais déterminés. Pour eux, ce procès dépasse le cas d’Aliou Bah : il illustre les dérives d’une justice accusée de servir le pouvoir. L’opposant, lui, se pose en défenseur du débat démocratique.
« Depuis toujours, mes interventions se font dans le respect de la loi : interviews, meetings, débats publics. Aujourd’hui, on criminalise la parole politique. »
Un verdict attendu
Alors que l’audience se poursuit, le verdict de la Cour d’Appel s’annonce crucial. Confirmera-t-elle la condamnation, renforçant ainsi la répression des voix dissidentes, ou marquera-t-elle un tournant en faveur de la liberté d’expression ?
En Guinée, la justice est à l’épreuve, et avec elle, tout un pan du pluralisme politique.
Une affaire à suivre de près.
Saliou Keita