Ce mardi 8 avril, le procès du tristement célèbre Bangaly Traoré, accusé d’avoir froidement assassiné sa compagne, Dame Adama Konaté, a débuté dans l’enceinte- hautement surveillée- de la Cour d’appel de Kankan. Une ouverture de rideau attendue comme une finale de Coupe d’Afrique, tant l’affaire fait saliver Nabaya depuis des semaines. Et il faut le dire : on ne voulait rater ça pour rien au monde.
Parents éplorés, badauds curieux, autorités compassées- tout ce beau monde s’est rué sur les lieux comme à un spectacle macabre. Il faut dire que l’affaire a de quoi faire frissonner même les plus blasés : un crime crapuleux, en plein Ramadan, à la vue de tous, et un assassin présumé aussi discret qu’un éléphant dans un salon de porcelaine.
Face à l’agitation prévisible- et vu le niveau d’émotion à fleur de peau-, les autorités judiciaires ont préféré jouer la carte de la prudence. Exit la salle d’audience classique, place à une mise en scène dans le décor plus solennel (et mieux sécurisé) de la Cour d’appel. Un déploiement sécuritaire digne d’un sommet international a été mis en place pour contenir les débordements, au cas où certains voudraient se faire justice eux-mêmes ou simplement jouer les justiciers de quartier.
Pour ceux qui auraient raté le premier épisode de ce drame, rappelons les faits : Dame Adama Konaté, femme respectée, a été poignardée en pleine journée par son compagnon, Bangaly Traoré. Une scène d’une brutalité inouïe, en plein jeûne sacré, qui a choqué tout le pays. Une exécution pure et simple, sans remords, sans retenue.
Aujourd’hui, alors que le rideau se lève sur ce procès, c’est toute une ville qui retient son souffle. Mais que personne ne s’y trompe : au-delà de la justice, c’est aussi notre capacité à dire « plus jamais ça » qui est à l’épreuve. Reste à savoir si le tribunal saura être à la hauteur du crime. Et surtout, si Nabaya, elle, est prête à regarder la vérité en face.
Mohamed Traoré