Labé, 27 mai 2024 – Le Tribunal de Première Instance de Labé a ouvert ce lundi un procès qui révèle bien plus que la simple détention de chanvre indien. Onze jeunes, arrêtés dans une opération coup de poing menée par les forces de l’ordre dans des lieux soupçonnés de vente de stupéfiants, se sont retrouvés face à la justice. Accusés de détention, consommation de chanvre indien et association de malfaiteurs, ces jeunes sont devenus les symboles involontaires d’une lutte acharnée contre les drogues dans notre société.
À la barre, c’est un autre récit qui a émergé. Les onze accusés ont unanimement nié les faits. Le tribunal, après avoir entendu les arguments des deux parties, a rendu un verdict contrasté. La majorité des jeunes ont été relaxés, faute de preuves suffisantes pour constituer les délits. Cependant, deux d’entre eux ont écopé d’une peine d’un an de prison avec sursis.
« Le tribunal, statuant publiquement et contradictoirement en matière correctionnelle, déclare Souleymane Camara, Amadou Oury Diallo, Mamadou Dian Diallo, Boubacar Diallo, Adama Tounkara, Sory Binta Diallo, Fatoumata Barry, Mamadou Cellou Sow et El Hadj Korka Diallo non coupables des délits d’association de malfaiteurs, de détention et de consommation de stupéfiants. Ils sont renvoyés des fins de la poursuite pour délits non établis à leur encontre. Boubacar Sow et Mamadou Yacine Bah sont déclarés non coupables du délit d’association de malfaiteurs mais coupables de détention et consommation de chanvre indien. Pour ces faits, ils sont condamnés chacun à un an de prison avec sursis », a prononcé le président du tribunal, Boubacar 3 Barry.
Ce procès illustre les difficultés auxquelles la justice est confrontée dans la lutte contre le trafic de drogue. Les articles 784 et 812 du code de procédure pénale, souvent brandis comme rempart contre ce fléau, doivent être appliqués avec discernement. La justice doit naviguer entre la répression nécessaire et le risque de stigmatisation de la jeunesse, souvent première victime d’un environnement socio-économique défavorable.
Au-delà du verdict, c’est une réflexion profonde sur les politiques de lutte contre la drogue qui s’impose. Comment protéger la société sans sacrifier des innocents sur l’autel de la sécurité ? La réponse reste délicate, mais ce procès à Labé pourrait bien marquer le début d’un dialogue nécessaire sur ces questions essentielles.
Hamidou Tounkoura