Dans une salle d’audience empreinte de tension, Maître Moussa Diakité, avocat de la défense, s’est dressé avec détermination pour réclamer l’acquittement absolu de son client, Paul Mansa Guilavogui. Accusé de faits dont la véracité est remise en question par la défense, Guilavogui a passé neuf longues années derrière les barreaux sans jamais avoir bénéficié d’un procès équitable, selon Diakité.
« Nous exigeons simplement l’acquittement pur et simple de Paul Mansa Guilavogui après neuf années de détention sans jugement, sans accès à un interprète ou à un avocat pendant la procédure, et maintenant on veut le condamner à quinze ans de prison », a déclaré Me Diakité devant le tribunal.
L’avocat a vigoureusement contesté les manquements présumés dès le début de la procédure, dénonçant une série d’irrégularités qui, selon lui, ont gravement compromis les droits de son client. Il a pointé du doigt le traitement de Guilavogui lors des interrogatoires, affirmant que celui-ci avait été entendu sans interprète ni avocat, ce qui aurait pu influencer le cours des déclarations.
« La cour européenne et même les instances sous-régionales reconnaissent qu’il arrive parfois que l’accusé s’auto-incrimine », a souligné Me Diakité, mettant en garde contre les dangers d’un tel procédé.
Le conseil de Guilavogui a également rejeté avec véhémence la demande de requalification des faits formulée par le ministère public. « Monsieur le président, on vous demande à la fin des débats de requalifier les faits, nous n’entrerons pas dans ça. Je n’en parle pas, parce que c’est de la fantaisie », a-t-il affirmé catégoriquement.
S’appuyant sur le contexte personnel de son client, Me Diakité a évoqué les conséquences dévastatrices de son incarcération sur sa vie familiale. « Paul Mansa est marié et père de trois enfants, mais aujourd’hui, son mariage est en ruine. Sa femme, contrairement à celle de Cécé Raphaël, n’a pas eu la patience de supporter cette épreuve. Elle a choisi de partir, de recommencer une nouvelle vie. Depuis que Paul Mansa est en détention, que deviennent ses enfants ? », s’est-il interrogé.
En plaidant pour la libération de Guilavogui, Me Diakité a appelé à rendre justice à un homme dont la vie a été irrémédiablement bouleversée par un système judiciaire qui, selon lui, a failli à sa mission. « Ne suivez pas le parquet qui est même prêt à condamner un innocent. Monsieur le président, en donnant la liberté à Paul Mansa, vous aurez rendu justice », a-t-il conclu solennellement, avant de regagner sa place, le regard fixé sur l’avenir incertain de son client.
Saliou Keita