Après trois jours d’ardents débats au tribunal criminel de Dixinn, une demande de requalification soumise par le parquet a été accueillie avec intérêt. Le Juge Ibrahima Sory II Tounkara a pris une décision qui pourrait marquer un tournant dans l’histoire judiciaire de la Guinée.
« Le Tribunal, après avoir entendu toutes les parties sur la requalification des faits requise par le ministère public, déclare que cette question… dans la décision sur le… en conséquence, ordonne la continuation des débats, ce qui signifie que dès lundi prochain, les confrontations débuteront. Le tribunal renvoie cette affaire au 25 mars 2024 pour poursuivre les débats. L’audience est levée », a annoncé le juge.
La partie civile, qui a appuyé la demande du parquet de requalifier les faits en crime contre l’humanité, exprime un sentiment de satisfaction suite à cette décision. Me Hamidou Barry, l’un des avocats de la partie civile, voit dans cette décision un moment historique pour la justice guinéenne :
« Depuis l’instruction en 2010, nous nous sommes battus avec mon collectif d’avocats pour défendre que ce sont des crimes contre l’humanité. Si la question a été débattue pendant trois jours sans incident, c’est une grande satisfaction morale. Aujourd’hui, si le tribunal décide de joindre la question de requalification au fond, c’est un grand pas en avant. La Guinée est en train de jouer un rôle majeur dans la justice concernant les crimes internationaux. »
Cependant, les avocats de la défense désapprouvent la démarche du tribunal. Maître Jean Baptiste Jocami Haba, avec ses confrères, crie à sa partialité et annonce un boycott de l’audience prévue pour le 25 mars 2024. Ils envisagent également d’engager des actions contre le juge.
« C’est une journée triste pour notre justice, une journée triste pour ce procès, mais nous ne sommes pas surpris. Le parti pris du tribunal est clair depuis le début. Le code de procédure pénale est très clair, le tribunal est tenu de statuer lorsque des conclusions écrites ont été déposées. Nous ne serons pas présents le 25 mars, et nous allons saisir le conseil supérieur de la magistrature pour insuffisance professionnelle. Ce qui s’est passé n’est pas acceptable pour l’image de notre pays », déclare-t-il.
Alpha Amadou Diallo