Dans un tournant spectaculaire de l’affaire des 15 milliards à la CRIEF, l’entrepreneur chinois a pris le relais à la barre après l’ancien questeur de la 8ème législature, Zénéb Camara. Kim maintient avoir versé 20 millions à feu Lounsény Camara après que ce dernier ait demandé une commission. Cependant, il affirme n’avoir jamais reçu le reste de son argent.
Tel un scénario digne des plus grands thrillers judiciaires, une semaine ne suffit pas pour épuiser les différentes parties au procès. L’ancien questeur de l’Assemblée nationale, Zénéb Camara, est poursuivi pour une multitude de chefs d’accusation incluant le détournement de deniers publics, l’enrichissement illicite, le blanchiment d’argent, la corruption dans les secteurs publics et privés, la prise illégale d’intérêt et la complicité. Malgré les accusations, la prévenue nie en bloc, affirmant sa liberté du poids moral qui pesait sur elle. Elle exprime cependant sa satisfaction d’avoir pu exprimer sa version des faits devant la cour.
L’avocat de la défense, Me Rafiradja, s’interroge sur les conclusions de la juridiction d’instruction concernant une prétendue complicité de détournement de 15 milliards, se demandant par quel « gymnastique juridique » ou « miracle » ces conclusions ont été atteintes.
Dans la foulée, l’entrepreneur chinois, représentant de la société impliquée, déclare avoir été approché par l’ancien président de l’Assemblée nationale, Amadou Damaro Camara, pour la réalisation des travaux. Bien que le contrat ne soit pas établi, deux chèques d’une somme totale d’un milliard huit-cent millions de francs guinéens ont été émis par Lounsény Camara, qui aurait également exigé une commission. « Il n’a donné que 20 millions, on est tombé sur lui », déclare-t-il, ajoutant que cela a été fait « à cause de l’État, tel qu’il a l’habitude de le faire : des dons, des cadeaux à l’État guinéen ».
La partie civile, représentée par l’agent judiciaire de l’État, met les bouchées doubles pour contrer les arguments de la défense, pointant du doigt l’incohérence apparente du contrat de travaux. « On a l’impression que l’État, par le truchement de l’Assemblée nationale, renonce à ses prérogatives de puissances publiques. Un contrat de réalisation de travaux publics est un contrat public, mais malheureusement ce contrat est soumis à la compétence du tribunal de commerce, ce qui est aberrant », déclare-t-il.
Ce projet, vieux de dix ans, devrait finalement voir le jour la semaine prochaine avec la pose de la première pierre par le président du conseil national de la transition, qui fait office de président de l’Assemblée nationale.
Saliou Keita