L’Afrique, dont la majorité de la population ne pourra suivre qu’une partie du spectacle offert au Qatar, avec les restrictions imposées dans les droits de diffusion, aborde avec prudence et espoir la vingt-deuxième édition de la Coupe du monde de football, la septième comptant trente deux équipes en phases finales.
Quelle est bien loin la déculottée (9-0) subie par les Léopards du Zaïre (actuelle République démocratique du Congo) en 1974, face à l’ex Yougoslavie, quatre ans après la toute première participation africaine (Maroc) à la compétition sportive la plus suivie de la planète (avec les Jeux olympiques d’été) !
Au Qatar, l’Afrique avancera, certes masquée, avec des appréhensions sur trois de ses participants sur cinq (Tunisie, Cameroun Ghana), mais elle semble afficher de meilleures ambitions avec le Maroc et surtout le Sénégal, dernier vainqueur de la Coupe d’Afrique des nations.
Dans l’aventure de la Coupe du monde, le Maroc a été la première nation africaine à avoir réussi à décrocher le tout premier point en 1970, lors du troisième match joué contre la Bulgarie (1-1), mais les Lions de l’Atlas avaient déjà subi deux défaites successives (3-1 puis 3-0), respectivement face à l’Allemagne de l’ouest (à l’époque) et le Pérou.
Le Maroc d’Aziz Bouderbala, Badou Zaki, Merry Krimau et autre Mohamed Timoumi reviendra beaucoup plus fort en 1986, pour qualifier, pour la première fois de l’histoire, une équipe africaine en huitièmes de finale de cette prestigieuse compétition, après une retentissante victoire (3-1) contre le Portugal.
Quatre ans plus tôt, le Cameroun – qui a tenu en échec (1-1) l’Italie, futur championne du monde – avait été victime d’une grossière erreur d’arbitrage contre le Pérou, avec notamment un but injustement refusé à Roger Milla, sur un hors jeu imaginaire.
Avant cet épisode, en 1978, en Argentine, la Tunisie de Tarak Dhiab avait signé la première victoire africaine en Coupe du monde (3-1 face au Mexique), cédé (0-1) face à la Pologne, avant de faire match nul (0-0) avec l’Allemagne de l’Ouest, à l’époque championne du monde en titre. Ce résultat fut insuffisant pour passer le tour suivant…
Eliminé dès le premier tour, sans la moindre défaite, les Lions indomptables, portés par un Roger Milla de 38 ans (qui avait signé son jubilé avant de revenir sur les pelouses, suite à l’intervention personnelle du président camerounais, Paul Biya), vont réaliser une incroyable épopée en 1990, en Italie, en accédant en quarts de finale.
Cet exploit valut au « vieux lion » (c’est ainsi qu’on surnommait Milla) un tube d’un célèbre orchestre de l’époque, Empire Bakuba (avec Pépé Kalé)…
Cette équipe du Cameroun, qui a dominé (1-0, but de François Oman Biyick) les champions du monde en titre (l’Argentine) en match d’ouverture, va perdre le fil en quarts de finale, contre l’Angleterre, qu’elle menait 2-1 à la 65è minute. L’égalisation et le troisième but de Garry Lineker (83è et 105èmn) ruinera l’une des plus belles participations de l’Afrique à un Mondial.
Après ce passage, les participations africaines en 1994 et 1998, ont été anecdotiques : la seule sensation se résumant à un victoire sensationnelle du Nigéria de Rashidi Yekini contre l’Espagne (3-2), alors que les Super Eagles étaient menés 1-2 à la 47ème minute. Daniel Amokachi, Jay Jay Okocha, Sunday Oliseh, de grands noms du football africain…
En 2002, le Sénégal va battre (1-0) la France, championne du monde en titre, en match d’ouverture, avant de filer en quarts de finale. Le règlement de l’époque autorisant le « but en or » – le premier qui marquait en prolongations remportait le match -, les Lions seront eux-mêmes coulés par d’une loi qui leur avait souri en huitième de finale contre la Suède (2-1, après prolongations, avec deux buts d’Henri Camara), battus par la Turquie (0-1, après prolongations).
L’année 2006, ne chamboulera pas la place de l’Afrique dans la hiérarchie mondiale, mais en 2010, les Black Stars du Ghana, qualifiés eux aussi en quarts de finale, ont raté de justesse une qualification historique en demi-finales. Un pénalty raté par Gyan Assamoah, après une main de Luis Suarez, à la dernière seconde des prolongations.
Après 2014, où l’Afrique n’a rien eu à se mettre sous la dent, 2018 sera une déception malgré une bonne entame de tournoi avec le Sénégal (2-1 contre la Pologne). Les Lions conduits par Sadio Mané et Mbaye Niang seront éliminés, après le troisième match… au nombre de cartons jaunes.
Cette année 2022 est celle de tous les espoirs, mais les chances du continent reposent essentiellement sur le Sénégal et le Maroc. Le Cameroun et le Ghana, joueront le rôle d’outsiders dans ce tournoi ouvert, avec toutes les chances de surprendre. La Tunisie, elle, devra réellement se surpasser pour surprendre et éviter une élimination dès le premier tour…
La rédaction