Pour la première fois depuis le coup d’état militaire qui a renversé l’ex président Alpha Condé du pouvoir, une mission de « haut niveau » de Conakry s’est rendu en Chine. Cette évolution pourrait avoir un impact sur le principal projet porté par la seconde puissance économique mondiale : le développement du Simandou.
Selon un site spécialisé consulté par WESTAF MINING qui récapitule les informations concernant les relations entre la Chine et l’Afrique, Djiba Diakité, le ministre directeur de cabinet du président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya, a été reçu le 16 janvier 2023 par le vice-ministre chinois des affaires étrangères Deng Li.
Au menu des discussions : la coopération bilatérale entre la République populaire de Chine et la République de Guinée.
Celui qui est présenté par le site comme « l’homme de confiance » du chef de la junte militaire en Guinée est en effet l’une des personnalités fortes du régime.
Diakité fait partie de ceux-là qui ont permis d’imposer la participation gratuite de l’Etat dans le capital de la société d’infrastructures (liée à l’exploitation du gisement du Simandou), équivalente à 15%.
Même si les choses coincent quelque peu, eu égard à la nature de la convention d’origine (BOT), les statuts de la Compagnie du transguinéen (CTG) ont été signés, un président du conseil d’administration nommé (Bouna Sylla, ancien conseiller fiscal du ministère des mines) et les négociations actuelles tournent autour du pacte d’actionnaires.
Diakité est par ailleurs non seulement chargé de suivre la bonne exécution de l’accord-cadre signé entre les deux pays (d’un montant annoncé de 21 milliards USD à l’époque), sous l’ex président Alpha Condé, mais il est depuis juillet 2022 le principal responsable du comité stratégique du projet Simandou.
Le chef de la délégation guinéenne est également l’homme qui a piloté le projet de joint-venture entre Winning Consortium Simandou (WCS) et Rio Tinto, pour la construction et l’exploitation des 4 blocs de cet immense gisement de fer, avant même la mise en route de la CTG.
La CTG est censé coordonner la construction du chemin de fer, des ponts, des tunnels et du port en eau profonde de Moribayah, censé servir de plateforme pour l’évacuation de la production du Simandou, mais son idée de création est intervenue après que WCS ait déjà entrepris des travaux importants sur tous ces ouvrages.
Le voyage de la délégation intervient après que le géant chinois Baowu Steel a renforcé sa présence dans le projet Simandou, avec la signature en octobre 2022 avec Rio Tinto et les autres partenaires du projet, d’une « feuille de route non contraignante », ouvrant la voie à des négociations en cas de nécessité…
« Baowu, numéro 1 mondial dans le secteur de la sidérurgie, a largement les moyens de développer en même temps plusieurs projets. La question est de savoir si, après avoir tant investi dans le projet et subi, pendant que WCS respectait son cahier de charges, les arrêts intempestifs de mars et juillet 2022, la confiance entre ce géant et les autres partenaires pourra être maintenue au beau fixe. Quelle est la garantie qu’un autre blocage ne va pas intervenir encore en amont ? Ce point important sera la clé qui va permettre d’aller de l’avant », a commenté un expert minier interrogé par WESTAF MINING.
Baowu s’est encore renforcé depuis décembre 2022 après avoir reçu le feu vert de laChina’s State-owned Assets Supervision and Administration Commission (SASAC)– l’autorité de régulation des grandes entreprises publiques – pour absorber son compatriote Sinosteel.
A moyen terme, selon nos sources, la Chine, pour qui le Simandou représente un enjeu stratégique pour réduire le coût de ses approvisionnements en minerai de fer et alimenter ses gigantesques aciéries, compte mettre sur pied sur une sorte de centrale d’achat pour plusieurs minerais importés essentiellement de l’extérieur, comme le fer et la bauxite.
Du côté de la présidence guinéenne, un communiqué de la Direction de la communication et de l’information (DCI), rendu public le 30 janvier 2023, affirme que les travaux de construction pourraient redémarrer en mars 2023.
(Source : Westaf Mining)