A Matoto Khabitaya, en haute banlieue de Conakry, quelques locataires interviewés par lindependant.org ont exposé les problèmes de logement auxquels ils sont confrontés au quotidien. Ils accusent aussi bien leurs logeurs que les démarcheurs, tout en interpellant les autorités.
Pour Hamidou Diallo, fonctionnaire, la mauvaise foi des propriétaires des logements est à la base des difficultés que les citoyens rencontrent pour s’abriter.
L’homme a expliqué s’acquitter mensuellement d’une somme de 350000 GNF pour un deux pièces, constitué d’une chambre et d’un salon, mais que son logeur s’apprête à augmenter le loyer à 500000 GNF à partir de janvier 2023.
« Parfois quand il a besoin d’argent, il demande à tous les locataires de donner une avance de deux mois. Celui qui s’oppose à cela reçoit un préavis lui intimant de quitter son habitation », a dit Diallo, qui regrette que les autorités ne s’impliquent pas plus dans l’encadrement du secteur qui affecte négativement la vie de millions de personnes.
Malick Dia, un autre locataire, fustige le « harcèlement » auquel le soumet régulièrement le propriétaire de la concession où il a trouvé une chambre à 200000 GNF par mois, après avoir payé une avance de 7 mois (dont un mois payé à l’agent immobilier communément appelé « démarcheur »).
« Notre malheur ici, c’est que le concessionnaire n’hésite pas à solliciter des crédits avec ses locataires. S’il n’est pas satisfait, il commence à les menacer d’expulsion », déplore Dia.
Dans ce lot de critiques, les « démarcheurs » ne sont pas épargnés, eux qui servent d’intermédiaires entre les propriétaires de logements et les locataires.
« Ils sont de mauvaise foi et jouent sur les deux tableaux, en fonction de leurs intérêts. Ils sont capables de demander un mois de location aux deux parties. Il suffit d’être dans le besoin pour être à la portée de ces arnaqueurs », fulmine Amir, une victime.
Face à cette situation, Amadou Tidiane Diallo, initiateur du mouvement « tous contre le loyer cher en Guinée », promet des initiatives pour limiter les frustrations des locataires.
« Dans les jours qui suivent, on va essayer de faire un mémo à l’attention des autorités, où on propose de mieux structurer le loyer en Guinée », dit-il.
« Il revient à l’Etat de faire en sorte que le citoyen puisse être logé, parce que sa sécurité commence à partir du moment où il trouve un abri », conclut l’activiste.
Alpha Amadou Diallo