Poursuivi pour des faits d’enlèvements, de séquestrations et de pillages commis le 28 septembre 2009, le colonel Claude Pivi, ancien ministre à la sécurité présidentielle sous le capitaine Moussa Dadis Camara (2008-2009), a comparu à la barre le mardi 22 novembre 2022. L’intéressé a nié toutes les charges retenues dans l’ordonnance de renvoi.
Pivi a soutenu avoir été, le jour du massacre, en mission du président de la transition d’alors (Dadis) pour traquer des bandits à mains armés qui avaient dérobé des pick-ups.
L’officier supérieur s’est expliqué son itinéraire de ce jour-là, affirmant s’être rendu à Coyah avec un détachement d’une trentaine de militaires, avant de revenir à Conakry où il aurait emprunté le tronçon Kagbelen-Cimenterie-Enco5-Bambeto, avant de se rendre directement au camp Alpha Yaya Diallo.
Harcelé de questions par les procureurs, l’ancien champion de karaté, qui a intégré le corps des bérets rouge de l’armée en 1985, a maintenu cette version.
Pivi a nié être passé par Hamdallaye (Ndlr : dans sa déposition faite au tribunal, Aboubacar Diakité dit « Toumba », l’ex aide de camp de Dadis, disait l’avoir vu à cet endroit) et rejeté les témoignages de personnes qui affirment l’avoir vu au stade, le 28 septembre 2009.
« C’est à 20h que j’ai vu les images du massacre au stade. J’ai dit : ceux qui ont fait ça, il faut forcément qu’on les arrête », a-t-il déclaré.
L’ex ministre chargé de la sécurité présidentielle, révèle s’être informé « auprès des hommes » sur l’identité de ceux qui se sont rendus au stade du 28 septembre.
« Les militaires m’ont dit qu’il y avait Toumba, Marcel et Tiegboro », a-t-il indiqué.
Pivi affirme s’être rendu par la suite dans le bureau du capitaine Dadis pour demander à celui-ci d’ordonner l’arrestation de Toumba Diakité et des militaires cités dans cette affaire.
Selon, lui « Toumba a pleuré » quand ils se sont retrouvés chez Dadis, prenant le contrepied des déclarations de l’ex-aide de camp qui a affirmé au tribunal que l’ex chef de la junte a été obligé de le supplier quand il s’est adressé à Pivi en lui disant : « tu ne bouges pas de là où tu es. Tu es en état d’arrestation ». Vrai ou faux, la suite du procès va sans doute éclairer la lanterne de l’opinion.
Interrogé sur ses actions concrètes pour l’arrivée de Dadis au pouvoir, Pivi est resté évasif sur ce qu’il a entrepris, loin des déclarations de Toumba Diakité qui a expliqué dans les détails les étapes de son implication dans la prise du pouvoir par l’ex patron du Comité national pour la démocratie et le développement (CNDD), juste avant (et quelques heures après) le décès de l’ex président la République, Lansana Conté.
L’officier supérieur ne s’est pas non plus épanché sue le dossier des policiers tués à la Compagnie mobile intervention et de sécurité (CMIS), suite à leur mutinerie.
« Je n’étais pas à Camayenne (Ndlr : base de la CMIS) », a-t-il coupé sec.
A noter que les procureurs ont soulevé le dossier de la séquestration d’un huissier au Camp Alpha Yaya, pour avoir simplement voulu faire exécuter une décision judiciaire. Accusé d’en être le commanditaire, Pivi a également nié ce fait.
Le colonel à la coiffe en cauris, qui a fait le coup de feu au Libéria quand il avait le grade caporal, était l’un des piliers de plusieurs mutineries qui ont éclaté sous le défunt président Conté. Le public guinéen l’a découvert à l’époque en tant que porte-parole de mutins…
Alpha Amadou Diallo