Le procès du massacre du 28 septembre 2009 a repris ce lundi 09 janvier 2023, avec la poursuite de l’audition du capitaine Moussa Dadis Camara, qui dirigeait la junte militaire à l’époque.
Interrogé par les avocats de la partie civile, l’ex putschiste est resté fidèle à sa ligne de défense qui consiste à rejeter toutes la responsabilité des exactions sur son ex aide de camp, Aboubacar Diakité dit « Toumba » et certains militaires qu’il dit « incontrôlés ».
Toumba a précédemment, avec force et détails, souligné que « Dadis et ses proches » sont les seuls responsables du massacre et des exactions qui ont eu lieu au grand stade de Dixinn avec, selon lui, l’infiltration de centaines de jeunes recrues du camp de Kaleah pour commettre des violences contre les manifestants qui protestaient contre une éventuelle candidature de Dadis.
Dadis a jusque-là nié tous les faits qui lui sont reprochés, allant jusqu’à rejeter sur son successeur, le général Sékouba Konaté, la responsabilité du recrutement du camp de Kaleah.
Dans une vidéo disponible sur Youtube, le général Konaté affirme que c’est parmi les « 9000 hommes » que Dadis avait regroupé à Kaleah, que des groupes ont été choisis pour venir « massacrer les gens au stade ».
Plusieurs témoignages concordent sur la présence du capitaine Marcel Guilavogui au stade lors des violences, mais, seul le colonel Moussa Tiegboro Camara a reconnu avoir vu Marcel au stade. Pour sa part, Dadis n’a pas confirmé cette information. Le colonel claude Pivi a déclaré à la barre avoir appris que Marcel était au stade.
Toumba, appuyé par les déclarations de plusieurs témoins dont les leaders politiques présents au stade du 28 septembre, a confirmé formellement la présence de celui qu’on appelait le « neveu de Dadis » (Marcel) au lieu du massacre et à la clinique Ambroise Paré, où Marcel aurait brandi des grenades et menacé de faire « sauter l’établissement », pour exiger qu’on lui remette les leaders politiques blessés (chose que Toumba dit avoir refusé).
L’ex chef de la junte qui comparaît à la barre a également émis l’hypothèse d’un « complot » fomenté par l’ex président Alpha Condé, le général Konaté et le commandant Toumba, visant à l’éjecter du pouvoir, sans fournir des preuves concrètes de ses allégations.
La version de Dadis est jugé incohérente par de très nombreux d’observateurs du procès qui ne comprennent pas comment un chef d’Etat peut affirmer ignorer les noms de certains de ses collaborateurs directs (comme son commandant de salon) ou ne pas choisir les principaux responsables des services de renseignements…
Comme un pied de nez à la version du bouillant capitaine, les lecteurs d’un site d’informations en ligne (Guineenews) ont plébiscité Toumba comme personnalité de l’année 2022.
L’ex aide de camp de Dadis a fait d’importantes révélations au tribunal qui cherche actuellement à comprendre ce qui s’est exactement passé le 28 septembre 2009, quand des militaires et des gendarmes ont investi le stade du 28 septembre, tirant sur la foule et faisant au moins 157 morts et occasionnant d’autres violences dont plus de 100 femmes violées.
Aïssatou Walid Bah