Dans une interview accordée à notre rédaction lindépeidant.org le jeudi 03 Mars 2023, le directeur national de la Météorologie, Dr René Tato Loua, donne une explication scientifique à un phénomène de fissures constatées sur les habitations et la terre, d’origine inconnue, en banlieue de Conakry.
Lindependant.org : Vous avez certainement entendu parler fissures sur des bâtiments à Nongo Conteyah. Comment peut-on explique scientifiquement ce phénomène ?
René Tato Loua : J’ai appris qu’il y a des fissures sur quelques bâtiments dans cette zone et que cela se produit pas la première fois en Guinée. C’est des choses qui peuvent être expliquées scientifiquement, c’est-à-dire : sur la base d’une étude diagnostic à partir des informations scientifiques disponibles. Avoir des fissures sur les bâtiments, ça veut dire qu’il y a eu un mouvement quelque part, la terre bouge. Et cela doit être suivi de près. Il y a des équipements spécifiques qu’il faut installer un peu partout pour avoir des informations sur le mouvement de la terre.
L’indépendant.org : Concrètement, quels sont les éléments qui peuvent être importants dans la compréhension de ce problème ?
René Tato Loua : Contéyah est dans Conakry ; ce n’est pas seulement des citoyens qui ont leurs bâtiments fissurés qui sont interpellés par ça, tout le monde doit s’inquiéter sur la question. Ce qu’il faut retenir, la position de Conakry, c’est une presqu’île qui est très prolongée dans la mer. Nous exploitons beaucoup de ressources souterraines : comme l’eau, je ne dis pas directement que c’est la raison principale parce qu’il y a des services spécifiques qui sont chargés pour ça, la sismologie. Par ailleurs, comment est-ce que les bâtiments sont construits, est-ce qu’avant de construire ces bâtiments, il y a des études scientifiques qui sont déjà faites ? Est-ce que les ingénieurs prennent toutes les précautions par rapport à ça, c’est des questions qu’il faut se poser aujourd’hui. Est-ce que le service qui doit informer les populations sur ces questions là est doté des équipements nécessaires pour pouvoir le faire à temps. Ça veut dire que nous avons intérêt à prendre des précautions dès maintenant, ce n’est pas un problème de Contéyah, c’est un problème de la Guinée, c’est un problème de tout le monde. Il faut voir quels sont les ingénieurs qui font de travaux à partir des études préalables qui sont faites en utilisant des informations géologiques, les informations météorologiques, il n’y en a presque pas. Donc pour éviter les problèmes, les ingénieurs doivent aussi tenir compte de ces paramètres. C’est très important !
Lindependant.org : Quelles sont les autres précautions qui pourraient être prises ?
René Tato Loua : Aujourd’hui au regard de ce qui se passe un peu partout, nous ne sont pas épargnés de catastrophes naturelles. Le mieux serait d’être averti à temps et de commencer à prendre toutes les dispositions nécessaires. Et la prise des dispositions nécessaires est basée sur disponibilité des équipements nécessaires, un poursuivi pérenne du système à un haut niveau. Que ce soit au niveau de la terre mais aussi au niveau de l’Océan et au niveau de l’atmosphère, c’est très important. Il faudrait que la science soit mise en avant pour que nous soyons à l’abri. Il faut que la population soit informée à temps avant que des catastrophes n’arrivent : ça nous permet de diminuer les effets, les conséquences. Nous sommes un pays côtier, si c’est les inondations dû aux pluies diluviennes, c’est un risque secondaire.
Le risque primaire, c’est ce qu’on appelle Tsunami, on ne souhaite pas. Vous savez bien qu’à Kindia au bout des années passées, on avait appris qu’il y avait souvent de tremblement de terre là-bas, ça veut dire qu’on n’est pas épargné d’un tremblement de terre.
Lindependant.org : Vous dites que la Guinée n’est pas épargnée de tremblement de terre. Aujourd’hui, qu’est-ce votre service fait autour de cette question pour protéger le pays contre le phénomène de ce genre ?
René Tato Loua : Dans le souci de protéger notre population contre les phénomènes de ce genre, les catastrophes naturelles, la météorologie de Guinée n’est pas assise, elle déploie beaucoup d’efforts malgré les nombreuses difficultés qu’elle rencontre. Aujourd’hui nous pouvons vous rassurez que nous avons 26 stations automatiques qui sont installés à travers le pays qui nous informent sur la situation et qui nous permettent de faire des prévisions, d’émettre des avertissements à l’échelle nationale et à l’échelle internationale. En plus nous avons pour une première fois une station météo-marine automatique qui est installé au port de Conakry, cette station est très utile pour nous, pour Conakry d’ailleurs, cette station nous permet en cas de tremblement de terre en mer, il pourrait modifier les ondes : c’est-à-dire déplacer l’eau au niveau pour provoquer une mini inondation ou un tsunami, cet équipement là nous donne des information de la mer en temp réel : la direction des vaques et les mouvements, la direction de vent etc… On a besoin trois de plus pour installer tout au long de notre côte, au niveau de 300Km côte, on doit avoir ça. En plus de ça on a besoin de beaucoup d’autres stations à travers tout le pays. Par rapport aux tremblements de terre, ce que je sais, on gérait un magnétomètre ici, pour la mesure du champ magnétique terrestre. C’est ce magnétomètre qui nous permettait d’avoir des informations sur ces questions mais qui malheureusement n’est plus opérationnel. Les gens l’ont détruit parce qu’ils n’en connaissaient pas l’importance. Conakry est sur l’équateur magnétique.
Propos recueillis par Alpha Amadou Diallo