Démarrage « immédiat » du calendrier de transition, proposition de délocalisation du dialogue dit « inclusif », les dernières décisions de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sont diversement appréciées par certains citoyens contactés par lindependant.org à Conakry.
Pour Oumar Oularé, professeur de français, une éventuelle délocalisation à l’extérieur des discussions entamées entre plusieurs coalitions de partis politiques, pourrait permettre la participation de tous, surtout les plus grandes structures politiques du pays dont les leaders se trouvent actuellement « en exil » à l’extérieur.
« Cela permettra à la Guinée de sortir de cette impasse aussi bien politique qu’économique », estime-t-il.
Selon lui, les autorités ont péché dès le départ dans l’organisation du dialogue, avec un gros retard le jour du démarrage, en dépit des nombreuses personnalités invitées dont certains sont d’ailleurs finalement sorties de la salle.
« Aujourd’hui, nombreux sont les partis politiques qui se plaignent de la forme des débats qu’on veut leur imposer. Pour le bien de tous, je sollicite l’aide de la CEDEAO, qui a les moyens de délocaliser ces discussions ailleurs et permettre à tout le monde de participer. C’est seulement à partir de ce moment qu’on pourra parler de dialogue inclusif », affirme Oularé.
L’enseignant pense que l’injonction de la CEDEAO visant le démarrage « immédiat » de la transition va dans le bon sens.
« On voit que tant bien que mal les choses commencent à bouger, avec la délivrance des cartes d’identité biométriques. Je pense que c’est un grand pas vers l’organisation des futures élections », soutient Oularé.
L’avis du professeur de français n’est pas partagé par Safiatou Diallo, étudiante en médecine à l’Université Nongo Conakry.
« Cette décision de la CEDEAO n’est pas la bonne. L’absence de certains leaders politiques dans le dialogue n’empêche pas son bon déroulement », estime-t-elle.
« Les pays africains qui ont accepté que le dialogue se tienne hors de leur territoire n’ont pas eu plus de réussite dans l’atteinte de leurs objectifs. En plus, c’étaient des pays en guerre ce qui n’est pas le cas de la Guinée », fait remarquer Diallo.
« Tous ceux qui se sont retirés du cadre de dialogue l’on fait de leur gré. Je crois que la junte militaire n’a exclu personne. Je pense que qu’on doit laisser nos égos de côté et laisser ce dialogue se poursuivre », ajoute cette étudiante.
Selon elle, il faut donner du temps aux militaires de bien organiser les choses, sans pression.
En attendant, plusieurs leaders politiques ont salué les annonces de la CEDEAO qui, selon eux, va dans le sens de « favoriser un vrai dialogue, absolument nécessaire pour sortir la Guinée de l’impasse actuelle », conclut l’un d’eux.
Aissatou Walid bah