Dans un entretien accordé à lindépendant.org ce mardi 31 janvier 2023, Dr Abdoulaye Diallo, président du parti mouvement pour la solidarité et de développement (MSD), a abordé plusieurs questions d’actualité. Parmi elles, la future alliance entre l’ANAD (avec l’UFDG), le RPG arc en ciel et l’UFR et autres et la reprise du dialogue politique en Guinée.
Lindependant.org : Quel est votre regard par rapport à la conduite de la transition ?
Dr Abdoulaye Diallo : La junte a pris la pouvoir par la force, elle pense gouverner par la force, imposer au reste de Guinéens leur vie à eux, ça passe ou ça casse tant pis. Nous pensons que ça, ce n’est pas une bonne affaire. Si nous prenons Sankara et Rawlings c’est des pionniers et même ATT quand il a remplacé Moussa Traoré, il a posé les jalons, il a quitté. Il a libéré des prisonniers, le quotidien de la population a changé, mais le nôtre est venu avec la force, on arrête des vendeurs des produits pharmaceutiques, on s’accapare des terrains des gens alors qu’ils pouvaient se créer une capitale ailleurs, ils se font des ennemis et beaucoup d’ennemis ce n’est pas bon pour une gouvernance.
Lindependant.org : Il y a une nouvelle alliance politique (UFDG et l’ANAD, UFR, RPG) qui s’annonce à l’horizon contre la gestion du CNRD. A votre avis cela sera-t-il possible dans jours avenir ?
Dr Abdoulaye Diallo : On verra bien, rappelez-vous que depuis 2007, ce sont les mêmes responsables avec les mêmes formations politiques, ce sont eux qui ont tiré la Guinée vers le coup d’Etat-là. Ils partagent la responsabilité. Ils ont beaucoup d’intellectuels disponibles, beaucoup de masse populaire, beaucoup d’argent, mais ils n’ont pas pu faire ce qu’ils devaient faire, apaiser la situation, aider le peuple. Quand ils se retrouvent c’est juste une photo de famille !
Il y a l’UFDG qui se trompe encore. Qu’est-ce que le RPG n’a pas fait aux militants et sympathisants de l’UFDG ? L’UFDG pense qu’il peut s’associer avec le RPG pour chasser le CNRD, ça c’est une naïveté.
Lindependant.org : Quelle leçon tirez-vous en tant que politique du procès de 28 septembre 2009 qui voit comparaitre actuellement Blaise Goumou ?
Dr Abdoulaye Diallo : On est en train de découvrir que les gens qui s’étaient à la tête de notre pays étaient incapables. Tout le monde apprend à diriger ce pays. Depuis Sékou Touré, ce dernier a appris à être président, il a ramassé le pouvoir dans la rue, parce qu’il n’a jamais eu passation entre l’autorité coloniale et lui. Il a gouverné 26 ans. Il a jeté le pouvoir dans la rue, Conté a ramassé. Lui aussi, il a fait 24 ans, il jeté. C’est avec le procès de Dadis que beaucoup ont compris qu’il s’était entouré de ses parents pour une longévité au pouvoir. Mais ça n’a pas marché, parce qu’il faut universaliser les choses, ce n’est pas mal de s’entourer de ses parents mais il faut qu’ils travaillent à la satisfaction du peuple. C’est dommage que nous guinéens, nous acceptons que des médiocres nous dirigent, ça c’est partout : dans les mosquées, dans les églises, dans les ministères. Ce procès-là, je pense que les accusés ne veulent dire toute la vérité. J’espère que la justice fera tout pour prouver qui a tort et qui a raison. C’est une leçon pour les futurs gouvernants, celui qui gère avec violence sera un jour devant la justice pour s’expliquer.
Lindependant.org : De nombreux acteurs sociopolitiques demandent la reprise du dialogue politique. Est-ce que vous maintenez cette revendication?
Dr Abdoulaye Diallo : Avec la manière dont les choses-là se présentent, nous pensons que le dialogue n’est pas possible parce que, le dialogue parle de politique sans exclusion aucune. En Guinée il y a des éleveurs, des agriculteurs, il y a de cadres supérieurs, des cadres moyens, les partis politiques, la société civile. Comment peut-on mobiliser ce beau monde-là dans le cadre u développement du pays, c’est ça la politique. Mais la politique d’exclusion et de discrimination que le CNRD est en train de faire, on ne peut pas dialoguer, parce qu’eux-mêmes ne présentent pas une plateforme de dialogue. En excluant les partis politiques, le dialogue n’est pas possible, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur. Ce qu’ils (Ndlr : le CNRD) devaient faire et c’est d’organiser les élections présidentielles libres et transparentes et quitter le pouvoir.
Propos recueillis par Alpha Amadou Diallo