Va-t-on assister à un chassé-croisé , entre le CNRD, le Premier ministre et les forces vives dans le dialogue tant souhaité pour une transition apaisée et inclusive que chacun continue d’appeler de tous ses vœux ? La question mérite d’être posée , au regard des derniers développements de l’actualité politique nationale.
Les politiques, ceux qui comptent et sont incontournables dans le débat, la société civile, consciente et responsable, et d’autres personnes éclairées, depuis le début de la transition, réclament, à cor et à cri, le dialogue avec le CNRD dans un plaidoyer quasi pathétique. Droit dans ses bottes, sûr de son fait, n’ayant pas rencontré de résistance significative dans tout ce qu’il entreprend, le CNRD a fait la sourde oreille. Des leaders de partis, les mêmes qu’hier, qui ont fait croire qu’il n’y a de leaders qu’eux ou à tout le moins, leur force mécanique et théorique, suffit à contrebalancer le poids écrasant des majorités constituées et établies, ont soutenu les nouveaux maîtres du pays dans leur politique d’exclusion, leur entêtement à ignorer leurs interlocuteurs légitimes, et leurs véritables partenaires. Les manœuvres de diversion des uns, le peu de réalisme des autres ont créé et entretenu une crise artificielle en dégradant les rapports de confiance et de complicité que la junte au pouvoir avait scellés avec tout le monde.
La patience et le sens de la responsabilité des forces vives qui pendant longtemps ont hésité à aller à la rupture avec la junte et à croiser le fer avec elle, ont été assimilés par maints observateurs à une opposition impossible à des hommes trop puissants. Si puissants que qui s’y frotte, s’y pique.
On a entendu par-ci que les grands partis ont plié devant la junte, parce qu’ils n’arrivent plus à mobiliser, ne convainquent plus personne. On a décrété par-là, qu’il y a un nouvel ordre politique dans
le pays incarné par le CNRD et profitable aux seconds couteaux , devenus comme par enchantement les héros et vainqueurs des temps nouveaux. Une illusion d’optique et un esprit de vanité qui ont fait le confort des affidés de tous les pouvoirs et contribué à de nombreuses erreurs de jugement de la part des dirigeants actuels piégés par leurs fréquentations et collaborateurs aveuglés par un zèle excessif et qui ont la rancune tenace et la haine viscérale.
La guerre par procuration menée par des revanchards au détriment des bonnes intentions qui ont fait rêver tous, est sans doute la source de tous les problèmes. Il y en a qui veulent se servir de la junte malgré elle et contre elle pour briller. Eux, en éliminant tous les obstacles sur leur chemin, en se débarrassant aussi de leurs rivaux et ennemis de toujours. Dommage qu’on tarde à s’en rendre compte !
Las, maintenant que les forces vives renaissent de leurs cendres et comptent en leur sein les principales forces politiques menées par des leaders redoutables, le Premier ministre, dans une grande vitesse et précipitation, appelle à une rencontre improvisée pour un dialogue improbable. Parce qu’il ne semble pas comprendre que d’autres acteurs et lui font partie du problème. Il continue ensuite et encore à parler de son cadre de dialogue rejeté à l’intérieur et à l’extérieur avec des conclusions et recommandations sans le moindre intérêt pour les différents protagonistes du dialogue attendu.
En tout cas, serait-ce maintenant le tour des forces vives de se faire désirer autour de la table, et de faire languir aussi les autorités de la transition?
Le doute semble avoir changé de camp pour le bonheur d’une classe politique qui n’arrivait plus à se faire entendre ni accepter comme partie prenante d’une transition dont elle est absente et exclue littéralement.
Ce n’est pas au moment où elles ont gagné le pari d’unir leurs forces et bénéficient d’un soutien inespéré de la CEDEAO que les forces vives vont se montrer tendres avec des autorités qui avaient fini par se croire en terrain conquis, invulnérables et plus légitimes que la légitimité. Elles ne voyaient pas de menaces venir de quelqu’un, ni un danger venir de quelque part.
L’heure de la revanche a sonné pour les forces vives à une étape de vérité pour la transition qui se retrouve dans l’impasse par la faute de dirigeants enfermés dans leur tour d’ivoire et celle aussi de leurs alliés politiques encombrants et malfaisants. Les erreurs du passé ont été plus fortes que tous les espoirs, aujourd’hui, perdus. Qui pour libérer nos soldats intrépides qui ont libéré notre pays de ses peurs un certain 5 septembre 2021, cette date que beaucoup avaient vue comme le printemps guinéen avant de se raviser?
Habib Marouane Camara (Edito de Djoma Medias)