Mercredi 26 mars 2025 restera gravé dans l’histoire industrielle de la Guinée. Ce jour-là, sous les projecteurs et les regards d’une nation en quête de souveraineté économique, le premier coup de pioche de la raffinerie d’alumine de State Power Investment Corporation (SPIC) a été donné. Une promesse tenue, un tournant historique, mais surtout un signal fort : l’ère de la simple exportation brute de la bauxite touche à sa fin.
L’événement, orchestré avec solennité, a rassemblé l’essentiel de l’appareil étatique. Djiba DIAKITÉ, Président du Comité Stratégique de l’Accord-Cadre Sino-Guinéen, le Premier ministre Amadou Oury BAH, et le Général Amara CAMARA étaient au premier rang, incarnant la volonté affichée du Président de la République, le Général Mamadi DOUMBOUYA, de transformer structurellement l’économie guinéenne. Depuis le 5 septembre 2021, l’industrialisation est devenue un mantra, une doctrine, une feuille de route imposée aux acteurs du secteur minier.
Ce projet de raffinerie, le premier depuis l’indépendance, rompt avec une logique extractiviste qui a longtemps privé la Guinée de la pleine valeur de ses ressources. La seule raffinerie d’alumine du pays, celle de Fria, remonte à l’époque coloniale. Il aura fallu 65 ans pour qu’une nouvelle installation voie enfin le jour.
Cette raffinerie, fruit de la coopération avec la Chine, est un pari ambitieux. Prévue pour traiter 1,2 million de tonnes d’alumine par an, elle mobilisera un investissement d’environ un milliard de dollars. Une centrale thermique de 250 MW, un quai d’expédition de 35 000 tonnes, et des infrastructures modernes viendront la compléter. Mieux encore, le projet créera 600 emplois directs et des milliers d’opportunités indirectes, tout en favorisant un transfert de compétences crucial pour l’avenir industriel du pays.
Mais la route est encore longue. L’industrialisation ne se décrète pas, elle se bâtit avec rigueur, vision et volonté politique. La Guinée saura-t-elle briser le cycle des promesses non tenues ? Les engagements pris par les compagnies minières seront-ils respectés ? La raffinerie de SPIC est une étape, mais elle ne suffira pas à elle seule à faire de la Guinée un hub industriel.
Ce projet s’inscrit dans la vision « Simandou 2040 », qui ambitionne de faire de la Guinée un acteur majeur du marché des minerais transformés. Si les infrastructures et la volonté politique suivent, la Guinée pourrait bien inverser le cours de son histoire économique.
Avec cette raffinerie, le pays amorce peut-être la fin de sa malédiction minière. Mais entre les discours enflammes et la réalité du terrain, le chemin reste semé d’embûches. La vraie question demeure : la Guinée saura-t-elle transformer cette opportunité en un véritable moteur de son développement ou se contentera-t-elle une fois de plus d’un mirage industriel ? L’avenir nous le dira.
Algassimou L Diallo