Ce week-end, Boké a vibré au rythme d’une mobilisation politique soigneusement orchestrée. Sous couvert d’une marche pacifique, les partisans du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) ont, une nouvelle fois, battu le pavé – cette fois pour « mettre en lumière les acquis de la transition » et, surtout, pour réclamer une candidature de l’homme fort de Conakry, le Général Mamadi Doumbouya.
Après Kankan, puis Kindia, c’est donc au tour de Boké d’accueillir ce qui ressemble de plus en plus à une tournée de légitimation populaire, habilement enveloppée dans le langage de la reconnaissance citoyenne. En réalité, derrière les slogans et les tee-shirts imprimés, se dessine une stratégie qui ne dit pas son nom : préparer l’opinion à une éventuelle entrée du Général dans l’arène électorale.
Parmi les visages croisés au cœur de la manifestation, celui de Cellou Baldé n’est pas passé inaperçu. Ancien responsable des fédérations de l’UFDG, récemment reçu au palais présidentiel, l’homme est apparu casquette vissée sur la tête, dans un tee-shirt blanc, mais sans un mot pour les journalistes. Un silence qui en dit long, tant il tranche avec la posture habituellement volubile de l’opposant.
Faut-il y voir un ralliement tacite ? Une stratégie d’attente ? Ou le signe que les lignes bougent en coulisses, bien au-delà des slogans scandés dans les rues de Boké ? Une chose est sûre : à mesure que les marches se multiplient, la transition prend des airs de pré-campagne. Et chaque ville traversée semble ajouter un chapitre à ce récit que certains veulent déjà écrire au nom du Général.
Alpha Amadou Diallo