Alors que le navire UFDG tangue sous les départs retentissants de figures historiques, Abdoulaye Bah, nouveau coordinateur des fédérations de l’Union des forces démocratiques de Guinée, choisit de ne pas jeter d’huile sur le feu. En escale à Labé, épicentre du bastion électoral du parti, l’ancien président de la délégation spéciale de Kindia a livré un discours à contre-courant de l’émotion ambiante : ni revanche, ni règlement de comptes — mais une main tendue et une leçon de méthode.
Face aux militants venus l’écouter, il a évoqué le départ de Cellou Baldé, ancien compagnon de route aujourd’hui rallié au CNRD, sans amertume mais non sans clarté. « C’est un frère à nous, c’est son droit de partir. Mais ce qui pose problème, c’est la manière. Si tu es un intellectuel, tu dois le prouver. Il doit adresser une lettre », a-t-il lancé, en guise de rappel aux fondamentaux de la vie partisane.
Pas d’attaque personnelle, mais un appel à la cohérence, à la rigueur politique et au respect des formes. « Son ancien parti ne peut que lui reconnaître les sacrifices qu’il a consentis », a-t-il ajouté, dans une formule aussi digne que calculée. Une manière d’éviter le procès d’intention, tout en marquant fermement les lignes rouges.
Dans un paysage politique guinéen en recomposition, où les figures de l’opposition se retrouvent parfois aux premières loges des manifestations pro-Doumbouya, la posture d’Abdoulaye Bah fait contraste. Ni silence complice, ni invective inutile. Juste une voix posée qui préfère le rappel aux principes au fracas des clashs.
Loin de l’agitation suscitée par la rencontre entre Cellou Baldé, Malal Diallo et le chef de la junte au palais Mohamed V, suivie de leur participation à la fameuse « marche de paix » favorable à une candidature du général Doumbouya, l’UFDG semble vouloir réaffirmer ses repères. Et dans cette tentative de redéfinition, le ton adopté par Abdoulaye Bah apparaît comme un signal fort : le parti veut garder la tête froide.
Ce choix de hauteur, salué par plusieurs observateurs, pourrait bien ressouder une base militante déboussolée et envoyer un message rassurant : l’UFDG n’est pas en train de se diluer, elle est en train de se recentrer.
Alpha Amadou Diallo