La convocation d’Ibrahima Chérif Bah, vice-président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), par la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) suscite une vive indignation au sein du principal parti d’opposition. Cet ancien gouverneur de la Banque centrale de la République de Guinée (BCRG) est accusé de détournement de 10 millions de dollars, une allégation que son parti qualifie de « chasse aux sorcières politique ».
Dans un communiqué virulent, l’UFDG a fermement rejeté ces accusations, pointant du doigt une tentative de la junte au pouvoir de « discréditer un opposant politique de premier plan ». Souleymane Souza Konaté, conseiller en communication de Cellou Dalein Diallo, dénonce une manipulation judiciaire. « La CRIEF semble s’être muée en instrument de répression politique, servant à intimider les opposants et à consolider un pouvoir autoritaire. Un dossier vieux de plusieurs décennies, déjà classé faute de preuves, est ressorti des cartons de manière opportuniste », affirme-t-il.
Pour l’UFDG, cette affaire symbolise une dérive grave de l’état de droit en Guinée. « Il est urgent de rappeler que la justice doit être au service de tous et non d’un clan. Elle doit être indépendante, impartiale et transparente. Or, les pratiques actuelles de la CRIEF vont à l’encontre de ces principes fondamentaux. En instrumentalisant la justice, le régime en place sape les bases de l’État de droit et alimente un climat de méfiance généralisée », ajoute Konaté.
Le parti d’opposition ne se contente pas de critiquer. Il appelle à une justice équitable et transparente, tout en condamnant l’impunité qui règne au sommet de l’État. « Les Guinéens aspirent à une justice qui protège les droits de tous, qui lutte contre l’impunité et qui garantit l’égalité de tous devant la loi. Il est inacceptable que des citoyens soient persécutés pour des raisons politiques, tandis que des scandales financiers impliquant des proches du pouvoir restent impunis », martèle le conseiller.
Dans son plaidoyer, l’UFDG exhorte les autorités à abandonner ces pratiques qu’elle juge liberticides et à garantir le respect des droits humains. « La Guinée a besoin d’une justice qui réconcilie, qui unit et qui donne à tous les citoyens la possibilité de vivre dans la dignité et la sécurité », conclut Souleymane Souza Konaté.
Alors que la CRIEF se défend de toute motivation politique, cette affaire relance le débat sur l’indépendance de la justice et la place de l’opposition dans un paysage politique marqué par les tensions. L’issue de cette procédure sera scrutée de près, tant en Guinée qu’à l’étranger, où le respect des principes démocratiques est devenu un critère essentiel pour l’image du pays.
Amadou Diallo