À un an des élections présidentielles, les Forces Patriotiques Républicaines (FPR) sortent de l’ombre pour afficher un soutien sans équivoque au général Mamadi Doumbouya. Ce samedi 12 avril à Conakry, le mouvement, par la voix de son président Joseph Wouro Sagno, a transformé une conférence de presse en véritable plaidoyer en faveur du maintien du chef de la transition à la tête du pays.
Sous un thème évocateur – « Les Forces patriotiques républicaines en marche vers le plébiscite du général Mamadi Doumbouya » – le ton était donné. La FPR ne se contente plus d’observer : elle milite activement pour que celui qu’elle qualifie de « président progressiste » brigue un mandat démocratique, en prolongement de son exercice transitoire.
Un soutien assumé, argumenté, martelé
Face à la presse, Joseph Wouro Sagno déroule un argumentaire bien huilé. Routes bitumées dans des zones longtemps oubliées, revalorisation des salaires des fonctionnaires et retraités, couverture sanitaire à hauteur de 80 % pour les agents de l’État, élaboration d’une nouvelle constitution… Pour lui, les preuves de la refondation promise par le CNRD sont là, visibles et palpables. Et le contraste avec les onze années de gouvernance précédente est, selon ses mots, « sans appel ».
« Ce que l’ancien régime a voulu faire en 11 ans, le CNRD l’a fait en 3 ans », martèle-t-il avec une assurance qui frôle parfois l’éloge officiel.
Mais au-delà des faits égrenés, le discours du FPR flirte avec une rhétorique de campagne avant l’heure. En ligne de mire : faire adhérer la population à la nouvelle constitution et obtenir un « oui » massif lors du futur référendum. Une manière à peine voilée de préparer le terrain pour une candidature du général Doumbouya.
Une force de propagande bien rodée
Le FPR ne s’en cache pas : il veut être le porte-voix du CNRD, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Actif sur les réseaux sociaux, le mouvement se positionne comme un intermédiaire entre les autorités de la transition et le peuple, avec une mission claire : convaincre, expliquer, rallier.
« Notre objectif est de faire comprendre que le président Mamadi Doumbouya réalise ce que le peuple attendait depuis longtemps », affirme Wouro Sagno. Et de promettre une mobilisation massive pour le recensement électoral et le référendum constitutionnel.
Une jeunesse interpellée, un avenir en ligne de mire
Dans cette opération de soutien, la jeunesse guinéenne est particulièrement ciblée. Niakoy Arsène Camara, membre du mouvement et enseignant-chercheur, a lancé un appel vibrant à la nouvelle génération : il l’invite à se saisir de cette « dynamique de refondation » et à ne pas reproduire les erreurs du passé.
« Nos enfants ne devraient pas être ce que nous avons été », déclare-t-il, dans un ton qui mêle lucidité et espérance.
En toile de fond, un appel à la prudence
Malgré l’enthousiasme débordant et l’assurance affichée, le président du FPR n’oublie pas les réalités du terrain politique guinéen. Dans une rare note de réserve, il exhorte le général Mamadi Doumbouya à la prudence, conscient sans doute que l’engouement actuel pourrait aussi nourrir des tensions, dans un pays où les transitions ont souvent ouvert la voie à des dérives.
En filigrane de cette mobilisation, une vérité se dessine : les manœuvres politiques autour de la future présidentielle sont bel et bien enclenchées. Et le FPR entend jouer sa partition en chef d’orchestre du plébiscite à venir.
Marliatou Sall