Conakry, 12 avril 2025. Dans une ambiance survoltée au siège de l’UFDG à la Minière, Mamadou Cellou Dalein Diallo a profité de l’assemblée générale hebdomadaire de son parti pour lancer un avertissement ferme au pouvoir en place : pas question de participer à une élection truquée.
Face à une foule de militants venus massivement l’écouter, le leader de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) a dénoncé ce qu’il qualifie de dérive autoritaire du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), au pouvoir depuis le coup d’État de 2021. L’ancien Premier ministre s’oppose à ce qu’il appelle une « mascarade électorale » visant à légitimer le maintien au pouvoir du colonel Mamadi Doumbouya.
« Nous ne participerons à aucune mascarade électorale qui ne vise qu’à légitimer un pouvoir pris par les armes, et que le peuple n’a pas choisi », a-t-il martelé, avant d’ajouter : « Ce que nous exigeons, ce sont des élections libres, transparentes et crédibles, à tous les niveaux. »
Des engagements trahis ?
Dans son discours, Cellou Dalein Diallo a rappelé les promesses initiales de la junte, qui s’était engagée à organiser une transition pacifique en remettant le pouvoir aux civils à l’issue d’un scrutin démocratique. Une parole aujourd’hui, selon lui, trahie.
« Dans nos sociétés, la parole donnée est sacrée. Le CNRD avait promis des élections libres, on avait applaudi. Mais aujourd’hui, la stratégie a changé : il faut légitimer Doumbouya le plus vite possible, même au prix d’un simulacre d’élection », déplore-t-il.
Il accuse le pouvoir d’avoir délibérément abandonné des réformes essentielles comme le RAVEC (Recensement administratif à vocation d’état civil) et le recensement général de la population, pourtant indispensables à l’élaboration d’un fichier électoral fiable.
Un appel à la mobilisation
Très critique à l’égard du ministère de l’Administration territoriale (MATD) et des préfets, qu’il soupçonne d’être aux ordres de la junte, le président de l’UFDG appelle ses militants à rester mobilisés.
« Nous devons nous battre politiquement contre ces manœuvres. Ce combat est celui de tout un peuple épris de justice et de démocratie. »
Alors que le chronogramme électoral reste flou et que les tensions politiques s’exacerbent, cette sortie musclée de Cellou Dalein Diallo sonne comme un signal d’alarme pour tous les acteurs de la transition guinéenne.
Marliatou Sall