Dakar, un cri d’alerte
Dans une salle comble de Dakar, Cellou Dalein Diallo, leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), s’adresse à ses militants avec gravitas. Le silence est pesant, les regards tendus. Il ne s’agit pas d’un simple meeting politique, mais d’un appel pressant à la défense des valeurs de démocratie et de justice en Guinée.
D’emblée, l’ancien Premier ministre met en cause la junte dirigée par le colonel Mamadi Doumbouya. Pour lui, la rupture est consommée : « Pourquoi sommes-nous en conflit avec le CNRD ? Parce que nous nous opposons aux disparitions forcées, à la fermeture des médias critiques et aux assassinats impunis. » Le ton est grave, les accusations lourdes.
La désillusion après l’espoir
Lorsque Mamadi Doumbouya a pris le pouvoir en septembre 2021, une vague d’espoir avait traversé la Guinée. « Nous avons été les premiers à soutenir le coup d’État, rappelle Cellou Dalein Diallo. Nous croyions aux promesses de respect des libertés et des droits fondamentaux. » Mais aujourd’hui, le constat est amer.
Les promesses de retour à l’ordre constitutionnel semblent s’évaporer au profit d’un climat de personnalisation du pouvoir. « Il a prêté serment devant la Cour suprême et la communauté internationale en affirmant qu’il ne serait pas candidat. Maintenant, certains veulent en faire l’homme providentiel ! », s’insurge l’opposant.
Une transition qui s’éternise
Le 31 décembre 2024, Mamadi Doumbouya promettait encore que les bases du retour à l’ordre constitutionnel seraient posées au premier trimestre 2025. Trois mois plus tard, rien n’a été acté. Aucune échéance claire, aucun plan d’action concret.
En lieu et place, la capitale Conakry s’est transformée en un immense décor à la gloire du chef de la junte : affiches à son effigie, manifestations de soutien orchestrées, mouvements populaires financés par l’argent du contribuable, selon ses détracteurs.
Vers un bras de fer ?
Cellou Dalein Diallo ne démord pas : « Si on ne respecte pas la parole aujourd’hui, qui garantit qu’on la respectera demain ? » Pour lui, l’enjeu est clair : des élections libres, inclusives et transparentes, permettant au peuple de Guinée de choisir son avenir.
Le climat politique se tend. Entre la déception des engagements non tenus et la montée d’un culte de la personnalité autour du chef de la junte, la transition guinéenne semble prendre un chemin incertain. L’histoire retiendra-t-elle que Mamadi Doumbouya a respecté sa parole ou qu’il a suivi les traces de ceux qu’il a renversés ?
Amadou Diallo