Conakry – L’année 2025 devait marquer une avancée vers l’ouverture politique en Guinée. Dans son discours de Nouvel An, le général Mamadi Doumbouya avait donné le ton : les partis politiques pourront désormais mener leurs activités sur le terrain. Mais au sein du RPG Arc-en-ciel, l’heure est aux doutes et aux accusations. Selon plusieurs cadres du parti, certains membres du gouvernement iraient à l’encontre de cette annonce en orchestrant un étouffement progressif des grandes formations politiques du pays.
Dans une déclaration à la presse, l’ancien ministre Marc Yombouno ne cache pas son indignation. « Un département ministériel doit être dans l’idéal de ce que le président dit. Or, aujourd’hui, ce sont les actions de certains ministres qui nous préoccupent. Veulent-ils réellement appliquer les vœux du président, ou bien cherchent-ils à affaiblir les grands partis pour mieux se positionner eux-mêmes ? », s’interroge-t-il.
Des civils aux manettes ?
Pour ce cadre influent du RPG Arc-en-ciel, une nouvelle élite civile, issue des rangs de la société civile et du syndicalisme, aurait pris le contrôle des rouages du pouvoir en manipulant les militaires. Il dénonce une prise en otage des institutions par des acteurs « qui n’ont jamais remporté une élection, même dans leurs propres villages », et qui, aujourd’hui, dictent l’agenda politique à la faveur de la transition.
Sans détour, Marc Yombouno cite des noms. Ousmane Gaoual Diallo, ministre et ancien membre de l’UFDG, est accusé d’être à la manœuvre. « Il veut éliminer le RPG et l’UFR pour mieux s’imposer à la tête de l’UFDG. Il estime avoir déjà affaibli ce parti en attirant ses cadres vers le CNRD. Aujourd’hui, il a une nouvelle cible : nous. Mais il se trompe s’il pense que le RPG peut être réduit au silence. »
Un jeu dangereux ?
La critique s’étend également à Bah Oury, actuel ministre et président d’un parti politique. « Il veut s’imposer en utilisant les militaires comme tremplin. Nos frères d’armes doivent comprendre le jeu dans lequel ils sont entraînés », avertit Yombouno, appelant l’armée à rester neutre.
Ces accusations, lourdes de conséquences, traduisent un climat politique sous tension. Si le discours officiel prône l’apaisement et le dialogue, sur le terrain, la bataille pour le contrôle du paysage politique semble déjà engagée. Reste à savoir si le CNRD saura maintenir l’équilibre entre ses promesses et les ambitions personnelles qui se dessinent en coulisses.
Aziz Camara