Conakry, 15 février 2025 – L’ancien ministre du Commerce, Marc Yombouno, a fustigé la gestion de la transition guinéenne lors d’une intervention remarquée ce samedi, au siège du RPG. À ses yeux, le cap du 31 décembre 2024, date butoir fixée pour la fin de la transition, est aujourd’hui dépassé sans qu’aucun cadre clair ne vienne définir l’avenir politique du pays.
Le chronogramme initial signé entre la Guinée et la CEDEAO prévoyait des élections avant la fin de l’année 2024 pour un retour à l’ordre constitutionnel. Pourtant, depuis cette échéance, les autorités en place parlent de « refondation » sans pour autant en préciser les contours. Une ambiguïté que Marc Yombouno dénonce vigoureusement.
« Depuis trois ans, on parle de dialogue. La transition est finie. Il n’y a plus de contrat entre les autorités et la population. Et maintenant, eux-mêmes disent que c’est la refondation. Quel est le contenu de cette refondation ? Quel est le pacte qui lie la population aux autorités ? Quel est cet engagement ? » a-t-il interrogé, appelant les Guinéens à une prise de conscience.
L’ancien ministre salue toutefois la démarche de certaines figures religieuses qui commencent à interpeller le CNRD sur la nécessité de respecter ses engagements. « Il y a des religieux qui commencent à délier leurs langues pour rappeler qu’en matière de religion, l’islam enseigne le respect des engagements. Ce sont ces engagements qui lient un dirigeant à son peuple en matière de pouvoir. Une fois qu’ils n’existent plus, il ne reste plus rien », a-t-il martelé devant une assemblée attentive.
Pour Marc Yombouno, les critiques du RPG ne sont pas simplement motivées par le renversement d’Alpha Condé, mais par le non-respect des engagements pris par la junte. « Quand nous disons certaines choses, ce n’est pas uniquement parce qu’on a enlevé Alpha Condé du pouvoir. C’est par rapport aux promesses faites par les autorités et auxquelles une bonne partie de la population a cru. Nous pensons qu’il faut les respecter », a-t-il conclu.
Dans un contexte où l’avenir politique de la Guinée demeure incertain, les critiques de l’ancien ministre résonnent comme un appel à la clarté et à la responsabilité des dirigeants actuels. Reste à savoir si cet avertissement sera entendu.
Aziz Camara