On aurait presque cru à une mise en scène soigneusement orchestrée. Ce mardi 15 février 2025, au port autonome de Conakry, les dockers ont fait une annonce aux allures de serment : ils payeront la caution électorale du général Mamadi Doumbouya. Une déclaration qui rappelle étrangement celle des femmes ayant financé la candidature d’Alpha Condé en 2020.
« Le général ne peut plus ne pas être candidat », lâche Ousmane Gaoual Diallo, avec une assurance qui en dit long sur la trajectoire politique qui se dessine. Le ministre et porte-parole du gouvernement ne fait pas que relayer une promesse. Il acte, presque officiellement, ce qui n’était jusque-là qu’une rumeur persistante : Mamadi Doumbouya sera bien dans la course à la présidentielle.
L’élan populaire ou la stratégie bien huilée ?
Les images du rassemblement sont puissantes. Des travailleurs du port, debout, scandant des slogans à la gloire du chef de l’État. Des discours enflammés, des promesses de fidélité indéfectible. Une ferveur qui n’est pas sans rappeler d’autres épisodes de l’histoire politique guinéenne, où le soutien populaire est souvent mis en avant pour légitimer une ambition présidentielle.
Et comme pour enfoncer le clou, le ministre des Transports en rajoute une couche : « Nous portons le général Mamadi Doumbouya aujourd’hui. Nous le supporterons, et après, nous le porterons là où il veut… » L’image est forte. Elle suggère un destin déjà tracé, une marche vers le pouvoir que rien ne semble pouvoir arrêter.
Un schéma qui se répète
Alors, Mamadi Doumbouya est-il réellement poussé par le peuple, ou assiste-t-on à un scénario écrit d’avance ? Depuis des mois, des voix s’élèvent pour dénoncer une militarisation progressive du jeu politique. La transition, censée remettre la Guinée sur les rails de la démocratie, semble prendre un tout autre tournant.
Mais après tout, l’histoire récente du pays nous a appris une chose : les hommes forts finissent toujours par vouloir prolonger l’aventure. La question n’est plus de savoir si Mamadi Doumbouya sera candidat. La vraie interrogation est ailleurs : jusqu’où ira-t-il ?
Alpha Amadou Diallo