L’assemblée générale de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) du 25 janvier 2025, tenue au siège du parti à la Minière, aura été bien plus qu’une simple réunion politique. Ce fut une tribune, un rappel à l’ordre et, surtout, une interpellation directe. Kalémodou Yansané, vice-président du parti, a profité de l’occasion pour adresser un message frontal au Premier ministre Bah Oury et au porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo.
Avec une maîtrise du verbe oscillant entre la nostalgie et la critique, Yansané n’a pas mâché ses mots : « Bah Oury et Ousmane Gaoual Diallo sont des produits de l’UFDG. Ce sont nos combats, notre plateforme et notre engagement qui les ont propulsés sur la scène politique. Aujourd’hui, alors qu’ils brillent sous les projecteurs, ils doivent se souvenir de leurs racines. »
Le ton était clair : loyauté et mémoire doivent primer. Mais derrière cette interpellation se cache un malaise plus profond. Bah Oury, ancien allié stratégique de l’UFDG, et Ousmane Gaoual Diallo, figure éloquente du parti devenu porte-parole d’un gouvernement contesté, incarnent à eux seuls le paradoxe d’une politique où alliances et convictions s’érodent au gré des ambitions personnelles.
Yansané, dans une envolée quasi-poétique, a évoqué les moments de lutte partagés, notamment au sein du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC). « Quand je vois le Premier ministre bien habillé, avec sa veste bleu ciel, je me remémore nos jours de combat. Ces moments de lutte pour un idéal commun, pour la démocratie et la justice, ne doivent pas être relégués aux oubliettes », a-t-il insisté, presque mélancolique.
Pourtant, derrière les souvenirs évoqués, c’est un avertissement qui s’est dessiné. Yansané a dénoncé des propos récents tenus par les deux hommes qu’il juge contraires aux valeurs de l’UFDG. « La cohérence est essentielle. On ne peut pas prôner un discours aujourd’hui qui renie les engagements d’hier », a-t-il lancé, adressant à la fois une mise en garde et une invitation à la réflexion.
Mais le discours du vice-président de l’UFDG n’était pas uniquement tourné vers ses anciens camarades. Il s’est également voulu un plaidoyer pour le respect des principes républicains et des engagements pris par le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) lors de la transition politique de 2021. Yansané a rappelé, avec force, que les promesses de démocratie et de justice sociale ne peuvent rester des slogans vides.
En conclusion, il a exhorté les militants de l’UFDG à préserver leur sérénité et leur caractère pacifique. Un appel à la droiture qui résonne comme un rappel des fondamentaux du parti. « Dieu est pour la dignité et la droiture. Dieu est avec nous », a-t-il conclu, dans un élan d’encouragement.
Loin d’être un simple discours partisan, cette intervention de Kalémodou Yansané illustre une réalité bien guinéenne : la politique est une scène mouvante où les lignes de fidélité s’effacent souvent sous la pression des ambitions. Mais pour l’UFDG, il s’agit d’un signal fort : ses anciens compagnons, devenus figures du pouvoir, doivent se souvenir d’où ils viennent. Et surtout, de ce qu’ils doivent à un parti qui n’a pas encore dit son dernier mot.
Alpha Amadou Diallo