Conakry – Une annonce spectaculaire a secoué la capitale guinéenne : dix millions de dollars et quarante véhicules blindés flambant neufs seront alloués à la police nationale. Une initiative présentée comme un tournant majeur dans la gestion de la sécurité publique, mais qui ne manque pas de faire grincer des dents.
Une révolution matérielle pour une police en difficulté
C’est sur le plateau de l’émission On fait le Point de la Radiotélévision Guinéenne (RTG) que le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le Général à la retraite Bachir Diallo, a dévoilé cette « transformation historique ». Avec enthousiasme, il a déclaré : « Nos policiers seront dorénavant des « Robocop made in Conakry », prêts à maintenir l’ordre, même dans les situations les plus complexes. »
Au cœur de cette annonce, la livraison imminente de quarante véhicules blindés destinés à la gestion des troubles publics. Une première pour une force de police longtemps freinée par un matériel obsolète et inadapté. Ces engins, conçus pour résister aux projectiles et opérer par tous les temps, promettent de renforcer les capacités d’intervention des forces de l’ordre.
Un investissement controversé
Si le ministre affiche sa fierté, les réactions dans la population sont mitigées. « Quarante blindés, mais pour quel usage exact ? » s’interrogent certains citoyens, rappelant que plusieurs quartiers de Conakry souffrent encore d’un accès limité à l’eau potable et à d’autres services essentiels.
Outre les véhicules, le plan prévoit également la construction d’infrastructures modernes et l’acquisition d’équipements à la pointe de la technologie. Le Général Diallo a promis une police guinéenne « au même niveau que ses homologues du Sénégal, de la Côte d’Ivoire et du Gabon ».
Inquiétudes sur l’usage des blindés
Cependant, des doutes persistent quant à l’utilisation réelle de ces moyens. Face aux accusations potentielles de répression, le ministre a tenté de rassurer : « Ce renforcement de nos moyens n’a rien à voir avec une quelconque restriction des libertés. Nous garantissons la sécurité tout en respectant le droit de manifester. » Une déclaration qui n’a pas convaincu les militants des droits humains, certains la qualifiant de simple rhétorique.
Une transformation sous surveillance
Alors que ces véhicules s’apprêtement à rejoindre le parc automobile de la police guinéenne, beaucoup restent sceptiques. Cette « transformation historique » amènera-t-elle une véritable amélioration dans la gestion de la sécurité publique ou ne sera-t-elle qu’un coup de com’ supplémentaire ?
L’avenir de cette initiative dépendra de son impact concret sur le terrain et de sa capacité à répondre aux besoins réels des populations. Une question qui reste, pour l’instant, sans réponse.
Alpha Amadou Diallo