La bataille pour la liberté d’expression en Guinée continue de faire rage alors que l’Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications (ARPT) persiste dans son affrontement avec les médias. Après avoir interdit à tous les fournisseurs d’accès Internet de fournir leurs services au groupe de médias Djoma, l’ARPT a franchi une nouvelle étape en démantelant le système V.SAT mercredi dernier.
Ce système était vital pour l’existence en ligne du groupe de médias, permettant ainsi la diffusion de leurs contenus sur Internet. Interrogé sur cette action, le rédacteur en chef du groupe Djoma a déclaré avec fermeté que leur combat ne prendrait fin que lorsque leur dernier souffle serait expiré.
Sékou Keita, le rédacteur en chef de Djoma Médias, a qualifié cette action de persécution, touchant même les voisins : « Ils sont en train de mettre en place une série de mesures pour étouffer Djoma. Quand vous êtes dans la cour de Djoma, vous pouvez recevoir un appel téléphonique, mais vous ne pouvez pas avoir de connexion Internet. Ils brouillent la zone, ce qui empêche parfois les voisins de se connecter ou de faire des transactions en ligne. Tout cela parce que quelqu’un a décidé de nuire à une entreprise qui ne fait que son devoir d’informer, une entreprise qui devrait être protégée. »
Auparavant, l’ARPT avait publié un communiqué mettant en garde contre l’utilisation d’un réseau de télécommunication indépendant en Guinée. Cependant, ce communiqué a été critiqué pour son caractère vide et non signé. Selon Keita, cela démontre clairement les manœuvres d’intimidation dirigées contre eux.
Malgré les tentatives de l’ARPT pour éteindre définitivement Djoma, Keita promet que leur résistance ne faiblira pas : « Si leur mission est de nous faire taire, nous ne leur faciliterons pas la tâche. Nous continuerons à lutter pour notre existence et pour remplir notre devoir d’informer, aussi longtemps que nous le pourrons. »
La presse en Guinée traverse une période difficile depuis plusieurs mois, et Keita appelle à une action urgente : « Le Premier ministre doit intervenir et remettre le directeur général de l’ARPT à sa place. La Haute Autorité de la Communication (HAC) doit également agir. Elle ne doit pas seulement sanctionner les médias, mais aussi les défendre. L’Union des Travailleurs de la Presse de Guinée (UTERGUI) doit également assumer ses responsabilités et ne pas cautionner ce qui se passe. Nous sommes en train de voir la presse s’affaiblir, d’être réduite au silence, et si nous acceptons cela, c’est notre arrêt de mort que nous signons. »
Le combat pour la liberté de la presse en Guinée est loin d’être terminé, mais ceux comme Keita sont déterminés à continuer la lutte jusqu’à ce que la justice prévale.
Alpha Amadou Diallo