L’ex chef d’état major général des forces armées (CEMGA) guinéennes, le général Oumar Sanoh, a été entendu par le tribunal criminel chargé de juger les crimes et autres graves exactions commis le 28 septembre 2009, révélant au passage qu’il y a eu au moins 155 corps qui ont été embarqués dans 4 camions ce jour-là.
« Au stade 28 septembre, ils ont embarqué les corps dans 4 camions. Les 3 (camions) ont été obtenus par mon canal à travers l’aide de l’ex ministre de la santé, Colonel Chérif Diaby. La dame française qui travaillait au compte de la croix rouge, a dit avoir embarqué 155 corps dans ces camions selon les chauffeurs qui ont transporté ces corps. Après les avoir envoyés à l’hôpital Ignace Deen, ces chauffeurs les ont ramenés au camp Samory, à leur initiative, puisqu’ils ne pouvaient pas les abandonner là-bas. C’est ainsi, après le camp Samory, ils sont rentrés », a déclaré Sanoh,
Sanoh a expliqué auparavant comment il a reçu un coup de fil de la patronne de la Croix Rouge à l’époque (Ndlr : la Française), après le massacre ait été perpétré, pour lui signifier qu’ils étaient en manque d’ambulances.
« Elle m’a dit qu’il y a beaucoup de morts et de blessés. Elle m’a demandé si je pouvais l’aider à avoir d’autres ambulances pour convoyer les blessés. Que sur place qu’ils n’ont qu’une seule ambulance », a déclaré Sanoh.
L’officier supérieur a détaillé comment il a appelé l’ex ministre de la santé (Ndlr : le colonel Abdoulaye Chérif Diaby) qui lui a dit qu’il était sur la route de Coyah. Selon lui, le colonel Diaby lui a souligné que toutes les ambulances de l’armée n’étaient pas disponibles, parce que « sur cales ».
Sanoh a poursuivi en expliquant comment ils a poursuivi les contacts et qu’une ambulance de l’hôpital Donka a pu rallier le stade du 28 septembre où les morts et les blessés étaient entassés.
« La dame m’a confirmé qu’il y a 2 ambulances mais que c’était insuffisant. C’est ainsi qu’elle m’a demandé si on pouvait avoir des camions », a-t-il précisé.
L’ex CEMGA a poursuivi sa narration des faits, expliquant comment 4 camions ont embarqué « 155 corps » vers l’hôpital Ignace Deen mais faute de place, les chauffeurs auraient pris l’initiative de les envoyer au Camp Samory.
C’est la première fois qu’un officier de haut rang qui a vécu les faits donne publiquement un chiffre précis au sujet du nombre de personnes mortes au cours de ces événements tragiques.
Le pouvoir du capitaine Moussa Dadis Camara, l’ex chef de la junte militaire de 2008, n’a reconnu pour le moment qu’environ 57 morts.
L’audition du général Sanoh se poursuit actuellement.
Alpha Amadou Diallo