Dans un témoignage poignant, l’homme politique et médecin Ben Youssouf Keïta, a confirmé la présence du colonel Abdoulaye Chérif Diaby à l’hôpital Donka au moment où de nombreux blessés s’y trouvaient, posant des questions inappropriées aux victimes et ne réagissant pas face à la violence que les militaires qui l’accompagnaient exerçaient sur les personnes ensanglantées.
Ce témoin de la partie civile a expliqué comment il a été battu et subi une fracture de la main lors des événements du 28 septembre qui ont occasionné au moins 157 morts et plus d’une centaine de femmes violées.
Keïta a précisé a vu des personnes tirer sur la foule, tabasser des manifestants et des leaders mais qu’il n’a pas pu voir de femmes violées de l’endroit où il se trouvait jusqu’à sa sortie du grand stade de Dixinn.
« Quand le colonel Cherif Diaby est arrivé à l’hôpital Donka, il n’a eu aucun mot de réconfort pour nous (Ndlr : les blessés). Il s’est plutôt mis à crier sur les blessés en leur disant « qu’est-ce que vous êtes partis chercher au stade ? » avec un ton impératif. Cette attitude a encouragé les militaires qui l’accompagnaient à frapper des blessés (…) Ses gardes pour se frayer un chemin donnaient des coups de pieds aux blessés qui gisaient à terre, sur les carreaux », a-t-il déclaré.
« Le colonel Diaby a adopté une attitude de mépris à l’égard des blessés. S’il était militaire seulement ça n’allait pas me choquer, mais il est médecin et a prêté serment », a regretté Keïta.
Keïta a indiqué que c’est un coup de fil d’Halimatou Dalein Diallo (Ndlr : la femme de l’opposant Cellou Dalein Diallo) qui lui a permis de savoir que sa propre femme s’était aussi déplacée au stade où elle a été également agresser et conduite dans une clinique.
Dans sa narration, le chirurgien a expliqué comment sa femme a été sauvagement bastonnée par ses assaillants parmi lesquels se trouvait une homme en tenue civile qui a tenté de l’égorger.
« Un jeune en tenue civile qui tenait un poignard a tenté de l’égorger. Un militaire béret rouge lui a dit « I nakha fakha déh » (Ndlr : « Faut pas la tuer » en langue soussou). Ma femme qui avait sa main sur la lame du poignard pour empêcher qu’on ne la tue, a vu la paume lacérée », a raconté Keïta.
Keïta a également révélé comment, au moment où sa épouse était ensanglantée, à terre, le colonel Moussa Tiegboro Camara n’a pas cherché à lui porter assistance, alors que l’officier supérieur avait demandé à ses agresseurs d’arrêter leur manège.
« Elle s’est agrippée à sa tenue pour lui demander de l’aider. Le colonel (Ndlr : Tiegboro) ne l’a pas regardé et un de ses gardes lui a administré une gifle qui lui a fait perdre connaissance (…) C’est un militaire (âgé) proche de la retraite qui est venu aider ma femme à traverser pour aller dans une famille à Dixinn », a témoigné le Dr Keïta.
Alpha Amadou Diallo