Au deuxième jour de l’audition du capitaine Marcel Guilavogui, les débats ont été ajournés par Ibrahima Sory 2 Tounkara, le président du tribunal chargé de juger les crimes et exactions commis le 28 septembre 2009, suite à la requête « pour cause de maladie » des avocats du commandant Aboubacar Diakité dit « Toumba ».
Le juge a reporté les débats autour de la version de Marcel au mercredi 12 Juillet 2023.
Doit dans ses bottes, l’ex garde du corps du capitaine Moussa Dadis Camara a continué à charger son ex patron, en le désignant comme le véritable responsable de la planification et de l’exécution du massacre du 28 septembre 2009.
« Dadis doit avoir le courage de dire ce qui s’est passé. C’est lui qui a tout planifié et c’est lui qui est responsable de cette situation. Qu’il assume ce qu’il a fait et qu’on quitte ici », a déclaré Marcel.
Selon lui, il y a « des centaines » de jeunes recrues infiltrés – dont certains étaient habillés en bérets rouges réglementaires -, apparemment dirigés par le chef des opérations de Dadis, feu Joseph Makambo Loua (plus connu sous le nom de « Makambo ») qui ont exécuté les ordres en massacrant des manifestants et en commentant d’autres exactions.
« Makambo » a trouvé la mort le 3 décembre 2009, en marge de l’incident qui a opposé Dadis à son ex aide de camp, Toumba. L’ex chef de la junte militaire de l’époque avait été touché à la tête par balle, avant qu’un combat à mort ne soit engagé entre Toumba et Makambo où bout duquel le second a été tué.
Au sujet de la disparition des corps, Marcel a ramené le procureur à l’audition de feu le général Mamadouba Toto Camara qui, lui, avait indiqué dans sa déposition avoir vu « un ou des » camions stationnés dans l’enceinte même du camp Almamy Samory Touré.
« Le général Théa (Ndlr : ex chef d’état major de l’armée de terre) est vivant et il peut parler », a dit Marcel.
Depuis hier, le capitaine Marcel a changé de stratégie de défense en abandonnant le mutisme et la négation systématique de sa présence au stade de Dixinn, pour lesquels il avait opté lors de sa première comparution. Désormais, il reconnait s’y être rendu.
Son avocat, David Béavogui, avait d’ailleurs fini par jeter l’éponge, arguant avant même la première comparution de Marcel que son client voulait donner une version contraire à celle qu’il avait soutenue jusque-là.
Quoi qu’il en soit, cet accusé atypique a confirmé plusieurs faits relatés par Toumba, y compris celui du vrai « commandant du régiment » qui, selon Marcel, est bel et bien le capitaine Dadis.
Alpha Amadou Diallo