Conakry, Palais du Peuple – L’annonce du retrait des États-Unis du financement de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a jeté un froid sur la scène politique guinéenne. Lors d’une session plénière du Conseil national de la transition (CNT) ce vendredi 28 février, le ministre de la Santé, Oumar Diouhé Bah, a été sommé de s’expliquer sur les répercussions de cette décision et les mesures envisagées pour y faire face.
Sous les dorures de l’hémicycle, l’atmosphère était tendue. Face aux conseillers nationaux, le ministre a tenté de rassurer. « Une réunion intersectorielle est prévue pour évaluer l’impact du retrait des États-Unis du financement de l’OMS. Nous allons analyser les conséquences et explorer des pistes de solutions », a-t-il déclaré. Une réponse jugée trop lente par le président du CNT, Dr Dansa Kourouma, qui n’a pas caché son impatience.
« Les conséquences ne peuvent pas attendre »
D’un ton ferme, Dr Kourouma a interpellé le ministre sur l’urgence d’anticiper les effets de cette décision. « Si vous attendez encore des jours pour trouver des solutions, nous risquons d’être rattrapés par les conséquences », a-t-il mis en garde, insistant sur la nécessité d’une stratégie proactive.
Convaincu que la Guinée peut financer son propre système de santé, le président du CNT a appelé à une mobilisation efficace des ressources internes. « Il existe plusieurs alternatives. Certains pays n’ont plus besoin de l’aide de bailleurs internationaux pour leurs secteurs stratégiques. Nous devons être capables de faire de même », a-t-il martelé.
Un appel à l’action immédiate
Dans son plaidoyer, Dr Kourouma a insisté sur l’évaluation rapide du déficit financier causé par le retrait américain et la nécessité d’identifier des partenaires alternatifs. « De grandes fondations et ONG disposent encore de fonds propres pour soutenir le secteur de la santé. Mais nous devons mesurer rapidement l’ampleur du gap financier et agir en conséquence », a-t-il exhorté.
Les préoccupations dépassent le cadre financier : derrière cette décision, ce sont des milliers d’emplois et des approvisionnements vitaux qui sont en jeu. « Les emplois qui sont en train d’être perdus ne peuvent pas attendre. Les hôpitaux et structures de santé doivent être approvisionnés sans délai », a insisté le président du CNT.
Alors que le gouvernement tarde à poser des actes concrets, l’incertitude plane sur le système de santé guinéen. Face à ce choc, la question reste en suspens : la Guinée saura-t-elle se relever sans l’appui des États-Unis ?
Alpha Amadou Diallo