La dépigmentation artificielle prend de l’ampleur en Guinée, touchant un nombre croissant de femmes qui, pour des raisons esthétiques ou sous pression sociale, s’exposent à de graves risques pour leur santé. Entre recherche de beauté et volonté de plaire, cette pratique inquiète les professionnels de la santé.
Le docteur Ibrahim Traoré, dermatologue au CHU Donka, alerte sur les dangers de cette tendance. « La dépigmentation artificielle consiste à appliquer des produits dépigmentant sur la peau pendant une longue période pour éclaircir le teint. Parmi ces substances, on retrouve principalement l’hydroquinone, les dérivés de mercure et le métazole, qui sont largement utilisés malgré leurs effets nocifs », explique-t-il.
Les conséquences de cette pratique sont multiples et souvent graves. Sur le plan dermatologique, les utilisatrices peuvent développer des troubles cutanés tels que l’apparition de boutons, de tâches brunes ou blanches, ainsi que des infections graves comme l’hypopigmentation ou l’hyperpigmentation. Mais les effets ne s’arrêtent pas à la peau : « Lorsque ces substances pénètrent dans le sang, elles peuvent entraîner des complications systémiques telles que l’hypertension artérielle, le diabète, l’insuffisance rénale ou encore des troubles neurologiques », précise le Dr Traoré.
Malgré ces risques, de nombreuses femmes persistent dans cette voie, souvent sous l’influence de standards de beauté imposés par la société ou pour attirer l’attention de leur conjoint. Cependant, beaucoup ignorent les conséquences jusqu’à ce qu’il soit trop tard. « Lorsqu’elles consultent pour des problèmes liés à la dépigmentation, elles découvrent parfois des dégâts irréversibles », regrette le dermatologue.
Face à cette situation alarmante, le Dr Traoré appelle à une prise de conscience collective. « Il est essentiel de valoriser sa peau naturelle et d’éviter l’usage de produits contenant de l’hydroquinone et du métazole », conseille-t-il.
Un message fort qui rappelle l’importance de l’acceptation de soi et des dangers cachés derrière cette course effrénée à la dépigmentation.
Fatimatou Diallo