L’insécurité grandissante à Conakry n’est plus un simple fait divers, c’est un véritable cri d’alarme. Entre vols, agressions et violences, les habitants de la capitale guinéenne vivent sous la menace constante, particulièrement durant cette saison des pluies. Face à ce fléau qui gangrène la ville, la police a décidé de tirer la sonnette d’alarme. Leur proposition ? Le retour des postes d’appui (P.A).
Une idée simple mais audacieuse, défendue par Abdoulaye Sanoh, directeur régional de la police de Conakry. Lors d’une récente réunion avec les acteurs de la chaîne pénale, Sanoh a formulé cette recommandation comme une mesure urgente pour contrer la montée en flèche de la criminalité. Pour lui, ces postes stratégiques, autrefois en place, pourraient bien être la solution pour freiner l’élan des criminels. Et il n’a pas tort.
Qui peut nier que la présence visible et renforcée de forces de sécurité ne dissuaderait pas les malfrats ?
Mais, au-delà de la simple réinstallation de ces postes, une autre question se pose : la collaboration. Sanoh insiste sur un fait primordial, souvent négligé dans le débat sécuritaire : l’engagement citoyen. Certes, la police patrouille jour et nuit, mais que faire si les citoyens eux-mêmes ne jouent pas leur rôle d’alerte ? « Il faut que la population nous alerte au plus vite », répète-t-il, presque comme un mantra. Un numéro vert, le 117, a d’ailleurs été mis en place pour signaler en temps réel toute attaque ou comportement suspect. Pourtant, malgré ce dispositif, la question reste : la population est-elle suffisamment sensibilisée pour utiliser ces outils ?
Le problème de l’insécurité à Conakry est bien plus profond que de simples patrouilles insuffisantes. Ce n’est pas qu’une affaire de policiers contre criminels. C’est un enjeu collectif où chaque citoyen, chaque élu local, a un rôle clé à jouer. Sanoh le sait bien et appelle à une collaboration plus étroite avec les autorités locales. Car, après tout, comment espérer une sécurité durable si les présidents des délégations spéciales eux-mêmes ne prennent pas en main la diffusion d’informations cruciales comme ce fameux numéro vert ?
L’insécurité à Conakry ne pourra être éradiquée par la seule force des armes. Ce n’est qu’en construisant un véritable partenariat entre forces de l’ordre, citoyens et élus que l’on pourra espérer voir les rues de la capitale retrouver un semblant de tranquillité. Alors, le retour des postes d’appui ? Certainement. Mais ce ne sera qu’un premier pas dans une lutte qui nécessitera bien plus d’engagement collectif.
Alpha Amadou Diallo