Conakry, une capitale sans stades homologués. Depuis plusieurs années, la Guinée est contrainte de disputer ses matches officiels de football à l’étranger. Une situation inacceptable pour le Premier ministre Bah Oury, qui pointe du doigt des décennies de mauvaise gouvernance.
Dans une déclaration poignante, le chef du gouvernement a rappelé la nécessité impérieuse de réhabiliter les infrastructures sportives du pays. « Si vous vous souvenez, j’étais allé voir le ministre des Sports pour lui poser la question : où en est-on avec les deux stades de Nongo et du 28 Septembre ? Il est inacceptable que nous soyons condamnés à jouer à l’étranger des matches qui devraient se tenir sur notre sol. Et je suis certain que cela a impacté négativement les scores et les résultats de l’équipe nationale », a-t-il déclaré devant la presse.
Un constat amer, mais qui traduit une réalité que vivent les joueurs et les supporters guinéens. Entre délocalisation forcée et perte de repères, le Syli national peine à trouver ses marques loin de ses bases.
Des infrastructures abandonnées, un football en souffrance
Le Premier ministre ne cache pas son indignation face à l’état déplorable des infrastructures sportives. Il annonce qu’une communication ministérielle interviendra sous peu pour faire la lumière sur la situation actuelle des investissements alloués au sport.
« Le sport fait partie des priorités. Pourquoi ? Parce qu’il est une composante essentielle du développement du capital humain. Et de ce point de vue, nous avons des lacunes. Nous avons une mauvaise gestion, une mauvaise gouvernance », a-t-il martelé.
Pour lui, la problématique ne s’arrête pas aux stades. Elle touche aussi les quartiers de la capitale où les terrains de jeu ont progressivement disparu. « Regardez nos quartiers, les centres, les espaces qui étaient dévolus aux enfants pour qu’ils puissent jouer. Où sont ces terrains ? Ils ont été vendus », s’insurge-t-il, avant de s’interroger : « Qui a décidé de vendre ces terrains ? Était-ce une décision individuelle ? Ou s’agit-il d’une corruption élargie qu’il faut combattre ? »
Urbanisation galopante et manque de volonté politique
Le manque d’espaces pour le sport n’est que la face visible d’un problème plus profond. Selon Bah Oury, l’urbanisation anarchique a également un impact sur l’éducation et les infrastructures publiques.
« Le ministre de l’Urbanisme connaît parfaitement les difficultés que nous rencontrons pour satisfaire les besoins de construction d’écoles dans l’agglomération de Conakry », explique-t-il.
Une réalité qui complique davantage la mise en place d’espaces de loisirs. « Si l’on demande un terrain pour construire une école, cela peut se justifier et les populations peuvent l’accepter. Mais si l’on décide de déguerpir des gens pour aménager un espace de loisirs, je pense que les réactions seront différentes », prévient le Premier ministre.
Un chantier titanesque, mais une détermination affichée
Réhabiliter les infrastructures sportives et rétablir une gouvernance saine ne se fera pas du jour au lendemain. Bah Oury en est conscient, mais affiche sa volonté de mener ce combat.
« En peu de temps, il nous est impossible de tout corriger. Mais avec l’aide de Dieu, vaille que vaille, nous y parviendrons », conclut-il avec détermination.
Pour l’heure, la Guinée continue d’attendre le retour de son football sur son propre sol, tandis que les regards se tournent vers les responsables en charge du dossier.
Amadou Diallo