Saïdou Sow, arrivé à Strasbourg la saison dernière, commence l’exercice 2024-2025 de Ligue 1 en Alsace dans la peau d’un titulaire, et même d’un capitaine en puissance. À 22 ans, il fait déjà figure d’élément important du vestiaire strasbourgeois, sans pour autant revendiquer un rôle de cadre. Le défenseur connaît une situation similaire avec la sélection guinéenne, pour laquelle il a de grandes ambitions. Il s’est confié à RFI.
RFI : Vous êtes arrivé en Ligue 1 à Strasbourg la saison dernière en provenance de Saint-Etienne, en Ligue 2. Qu’est-ce qui change quand on entre en Ligue 1 ?
Saïdou Sow : J’avais déjà joué en Ligue 1 avec Saint-Etienne. Mais ici, c’est complètement différent. À Saint-Etienne, j’étais l’enfant du club, formé au club. Ici, j’arrive en tant que nouveau joueur, je dois m’imposer en Ligue 1, montrer que j’ai le niveau. Quand j’arrive à Strasbourg (en août 2023), je suis tout seul. Je dois montrer de quoi je suis capable. Je suis avec des gens qui ne me connaissent pas, un public qui ne me connaît pas. Je dois vraiment m’imposer et donner confiance aux gens.
Vous avez dû patienter un peu pour avoir du temps de jeu régulièrement en arrivant à Strasbourg. Là, vous avez enchaîné trois titularisations en début de saison. Votre statut a changé ?
Oui, quand même un peu. Mais je dois encore plus m’affirmer et montrer que je suis le joueur sur lequel on peut compter, que je suis là. C’est différent de l’année dernière où je devais prouver que j’avais le niveau, me battre pour avoir une place. Là, j’ai commencé titulaire, c’est à moi de montrer que je peux rester titulaire.
Quand le coach est arrivé (Liam Rosenior, NDLR), il a été très clair : pour lui, il n’y a pas de statut, il vient d’arriver, il fera jouer les meilleurs qu’il verra. On s’est tous battus. Avec le discours qu’il a eu en début de saison, on a tous compris qu’on avait une chance. Il fallait juste bien bosser et appliquer ses conseils.
« Maintenant, on a la pression des gens qui disent qu’on a investi beaucoup d’argent, on n’écoute pas ça »
Dans l’effectif, la moyenne d’âge est très jeune. Ça fait presque de vous une sorte de « jeune-ancien » dans le groupe. Quel statut avez-vous dans le vestiaire ?
(Rires) « Jeune-ancien », c’est ça. Sans trop l’être non plus, parce qu’on est tous jeunes. Je pense qu’on a de la maturité pour savoir ce qu’on doit faire et être sérieux. Dans ce vestiaire, on se tire tous vers le haut. On s’encourage, on se donne des conseils… L’âge, c’est un chiffre. Il y a des gens avec une cinquantaine, centaine de matches, ça ne veut rien dire.
J’ai déjà porté le brassard une fois à Strasbourg (après la sortie d’Habib Diarra lors de la première journée contre Montpellier, NDLR), c’est un honneur. Ça montre que le coach compte sur moi pour donner l’exemple et être sérieux. Ça veut dire que je me considère comme un cadre, sans vraiment être un cadre dans le vestiaire. C’est un rôle que j’ai eu souvent en étant jeune et en sélection aussi. C’est une continuité, ça me donne la motivation pour donner encore plus et répondre aux attentes.
Des attentes, il y en a davantage, maintenant que Strasbourg a beaucoup investi sur le marché des transferts cet été ?
Je pense que les exigences étaient déjà assez élevées. L’exigence est toujours aussi élevée, on sait où on est, il y a des gens qui comptent sur nous, des supporters, la ville… Maintenant, on a la pression des gens qui disent qu’on a investi beaucoup d’argent. Nous, on continue à être sérieux, et on n’écoute pas tout ça. Si ça fonctionnait comme ça, toutes les équipes qui ont investi ces dernières années auraient dû gagner la Ligue des champions. Ça se fait petit à petit.
La Guinée sur le maillot et dans le cœur
Vous êtes né à Conakry. Quels souvenirs gardez-vous de vos années en Guinée ?
Franchement, que des bons souvenirs, entouré de la famille. J’y retourne souvent, à chaque vacances. Sans la sélection, j’y vais une fois par an minimum. J’ai toute ma famille encore là-bas, donc si je n’y vais pas, je ne vois pas ma famille.
Et porter le maillot de la sélection, qu’est-ce que ça représente pour vous ?
Déjà, c’est un rêve. Ayant grandi à Conakry, quand je voyais l’équipe nationale, j’avais des étoiles dans les yeux. Porter ce maillot, ça me donne envie de faire plaisir au peuple guinéen, leur montrer qu’on est là pour eux, leur faire savoir que malgré les difficultés qu’ils peuvent avoir dans leur vie, avec le football, ça peut aller, tout le monde peut y arriver.
Je me souviens très bien de ma première sélection, un mois de septembre. Je venais de signer pro (à Saint-Etienne). J’étais comme un enfant, il y avait des grands joueurs comme Naby Keïta, Amadou Diwara… Je regardais, j’étais étonné, tout timide, je ne parlais pas… C’était inoubliable. Au fil des années, j’ai pris de l’assurance et maintenant, je me sens parfaitement intégré. Franchement, c’est du bonheur.
« La prochaine CAN qui arrive, l’objectif est d’aller encore plus loin et la gagner »
Que du bonheur ?
Actuellement, on ne peut pas jouer chez nous, on n’a pas de terrain (la Guinée fait partie des pays qui ne bénéficient pas de stade répondant aux normes internationales, NDLR). C’est un truc qui nous manque. En tant que Guinéens, pouvoir jouer là-bas c’est… différent. Il y a une demande du public et des joueurs aussi ! Franchement, qui n’aimerait pas jouer en Guinée ? Avec les supporters qu’il y a là-bas, c’est un plus.
La Guinée a toujours eu des bons joueurs de football, vous en avez cité quelques-uns. Mais la sélection a du mal à briller dans les grandes compétitions…
On ne va pas parler du passé, mais actuellement, on est une équipe en transition. À la dernière CAN, on a montré des belles choses (élimination contre la RDC en quarts de finale). La prochaine qui arrive, l’objectif est d’aller encore plus loin et la gagner. On a des bons joueurs maintenant : Serhou Guirassy, Ilaix Moriba, Abdoulaye Touré… Là, l’objectif, c’est de montrer qu’avec tous ces joueurs, on peut prétendre au titre de champion d’Afrique.
Plus jeune, aviez-vous des modèles parmi les joueurs guinéens qui sont passés comme vous par la Ligue 1 ?
Quand j’étais plus jeune, c’était Fodé Mansaré, parce qu’avant, j’étais attaquant. Je l’aimais bien, il était fougueux et sa coupe de cheveux, son style… J’aimais bien (rires).
Source : Rfi