L’ancien chef de service sécurité hygiène et environnement à la logistique de la Société des Télécommunications de Guinée (SOTELGUI), Thierno Bah, a affirmé à la barre de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) que 500 travailleurs de la société sont morts depuis 2012, suite aux difficultés traversées par l’ancienne société nationale.
Bah fait partie des témoins appelés à la barre au procès intenté par le procureur spécial de la CRIEF, Aly Touré, contre Oyé Guilavogui, le dernier ministre de l’environnement sous Alpha Condé.
Guilavogui était en poste comme ministre des télécommunications, durant les premières années de l’ancien régime, quand les difficultés de l’ex société nationale de télécoms se sont accélérées.
Bah a confirmé que l’information selon laquelle le géant chinois Huawei a offert 50 millions de dollars USD à la SOTELGUI dans le cadre de la modernisation du réseau dans le Grand Conakry.
« Huawei a donné 10 millions de dollars en espèces et 40 millions d’euros en équipement. On est à peu près 500 morts depuis 2012 de travailleurs du fait de la perte de l’emploi. Plusieurs sont décédés par fautes de moyens ici. On a cessé de payer le travailleurs depuis le 30 juin 2013. Oyé doit coopérer pour son intérêt et pour son image » a-t-il déclaré.
L’ex chef de service à la SOTELGUI a sollicité de la Cour d’inviter Moussa Keïta, l’ancien directeur général de la société pour un témoignage.
Selon lui, l’arrivée de l’ex président Alpha Condé à la tête du pays en 2010 a augmenté les difficultés de l’entreprise qui a fini par mettre la clé sous le paillasson.
Selon lui, les responsables guinéens de l’époque avaient un « agenda caché » qui visait essentiellement à tuer la société dans le le but d’en créer une nouvelle contrôlée par les nouveaux venus.
« Il n’y a aucune raison de fermer SOTELGUI. Ceux qui ont fermé SOTELGUI avaient un agenda caché. Ils voulaient fermer cette société et ouvrir une nouvelle où ils seront actionnaires », a-t-il soutenu sans fournir les preuves de ses accusations.
« Nous avons été victimes en tout cas », a lâché Bah à la question du procureur concernant sa volonté de témoigner.
La représentante de Huawei, Mme Zhong Lee, intégrée dans cette société en 2017, a confirmé pour sa part que la SOTELGUI a signé le contrat avec Huawei pour l’extension de réseau internet dans le Grand Conakry.
« Toutes les transactions qui ont eux lieu ont été faites entre Eximbank et l’État guinéen. Et Nous avons fait toutes les livraisons à l’État guinéen » a-t-elle déclaré.
Au terme de ces différentes interventions du ministère public et des avocats de la partie civile, le président de la cour a renvoyé l’affaire au 3 mai prochain pour la suite des débats avec les représentants de la société Huawei.
Amadou Tidiane Diallo